Enième cigarette et dernier métro.

Une histoire qui me tient beaucoup à coeur, j'espère que vous aimerez, c'est tout une dose d'amour partagé avec une fille pas comme les autres, une fille avec qui j'écris depuis deux ans bientôt.
Bref.
Projet sobrement nommé Aël.


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Et la tranche de citron coula tout au fond de sa tasse de thé, comme lui se noyait dans sa peine. Comme ses espoirs qui se perdaient au fond d'une bouteille d'alcool. Comme son sourire qui s'ensevelissait sous des tonnes de regrets. Il leva les yeux, cachés sous des cheveux couleur des blés et regarda la vie s'agiter dans le café. Tout autour de lui. Cette gamine qui mangeait sa glace, le sourire rempli de vie. Ce gosse qui pleurait parce que son coca n'avait plus de bulles. Cet homme d'affaires stressé qui en était à son énième café. Ce vieux, appuyé doucement au comptoir, le visage marqué par des dizaines de rides, signe de l'épanouissement de sa vie. Triste ou joyeuse ? Impossible de savoir. Il regarda la vie fait son p'tit bout de chemin juste devant lui. La vie qui laissait son empreinte dans chaque seconde, chaque goutte de pluie, chaque rafale de vent, chaque rire d'enfant qui s'envole comme des oiseaux dans le ciel gris. Cette salope de vie qui lui a tout volé, qui l'a baisé et l'a laissé tomber ensuite. Cette salope de vie qui s'cache dans l'ombre et l'abandonne dans le noir. Mais dans cette obscurité il parvint quand même à voir une jeune fille s'asseoir en face de lui.

"Hé Aël ! Qu'est-ce que tu fais ici tout seul ? Te cache pas. Le soleil te demande, tu lui a encore volé sa couleur."

Aël regarda Tarah en souriant et passa machinalement ses doigts fins dans ses cheveux. Quand il faisait gris comme aujourd'hui elle le taquinait souvent en lui disant avoir volé la belle couleur éclatante du soleil pour la cacher dans ses cheveux. Oui Aël avait de beaux cheveux bonds, oui il avait aussi de grand yeux verts, des muscles bien marqués et tout ce qu' il faut pour être beau. Et non, Aël n'était pas heureux. Toutes ces filles qui gloussaient ou souriaient bêtement en le croisant, il avait envie de leur cracher à la gueule. Non, Aël n'aime pas sa vie parce que la vie ne l'aime pas. La vie n'aime que sa beauté et lui il déteste la laideur de la vie.

"Dis au soleil que je ne viendrai pas à son rendez-vous. Je préfère être un voleur et ne pas vivre dans un monde où la vie et les gens me narguent sous un ciel trop bleu. Moi je vis uniquement sous un ciel gris, j'veux pas plus. J'mérite pas plus."

Avant de se lever de sa chaise il lança un regard vers le fond de la salle. Le portrait de cette danseuse étoile. Juste en dessous, une table et une chaise vide. Elle était déjà partie. Juste quand Tarah était arrivée sans doute. Soupir. Un soupir de plus qui le tire un peu plus fort vers le fond d'un gouffre sans fond. Il déposa alors un billet sur la table, prit Tarah par la main et sortit du café sans avoir bu une gorgée de thé. Dehors il s'était mis à pleuvoir. Tant mieux. Il aimait marcher sous la pluie.

Merde, j'aime déjà. Et merde, tu as ce putain de don qui m'enlève les mots de la bouche. J'aimerais pouvoir t'écrire un truck beau, là. À la hauteur de la manière dont j'aime comme tu écris, mais j'crois que j'sais pas le faire. Ils se sont envolés, mais ils reviendront surment.
Je vais me permettre de résumer tout ca. Waga.
Voilà. Aël. Je veux en savoir plus sur ce personnage.

Une suite rien que pour vous <3


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La pluie rebondissait de tous les côtés, ils couraient main dans la main. La jeune fille qui l'entraînait était grande, blonde, élancée, angélique... On se retournait sur elle dans la rue, ses cheveux ondulés roulaient sur ses épaules trempées.
Le temps semblait s'arrêter pour les laisser passer entre les gouttes. Aël stoppa brusquement sa course, les pieds dans l'eau en scrutant la foule à travers les cordes.

- Aël ! Qu'est ce que tu fous ?! Je suis pas en sucre mais quand même !
- Non, attends ! Je l'ai vue !

Elle le regarda perplexe.

- Tu la vois toujours... Allez viens.

Il la suivit docilement, un peu loin, en regardant ailleurs, cherchant ses cheveux noirs. Ils s'engouffrèrent dans un grand bâtiment, un immeuble un peu sale et vieux. Il continuait de rester dans ses pensées, la suivant sans la voir.
Elle contemplait comme on reste sans voix devant son passé. Elle se rapprochait de lui doucement et glissa ses mains dans les cheveux d'Aël, il la regarda étonné comme si il venait de se réveiller. Elle continua, posa ses lèvres roses sur celles d'Aël.

- Arrête, pas aujourd'hui.
- C'est toujours pareil dès que tu la vois les autres tu t'en fous ! Mais c'est qui cette fille ? Hein ?! Toujours Debbie par ci, Debbie par là ! Qu'est ce qu'elle a de si extraordinaire cette nana ?!

Tarah criait, hurlait presque, ouvrant avec fracas la porte de son studio. Il regarda sa meilleure amie avec douceur plongeant ses yeux dans ses deux océans.

- Faut que j'y aille...

Elle l'ignora, fit semblant de chercher ses clés déposées devant ses yeux sur la table.

- Tarah...

Elle continua de jouer la comédie.

-Je suis désolé. Mais...

Elle leva la tête, un sourire sarcastique au bout des lèves.

- Mais ?

Il lui prit les épaules, déposa un baiser sur son front et partit.
La pluie avait cessée, mais le soleil oscillait toujours entre gris et blanc.
Et puis... Autant arrêter d'espérer, on n'attend pas sur le temps.

Présente nous encore ces personnages, ils m'intéressent =] .
Continue.

Tes désirs font désordre Pao ^^
J'te raconte cette histoire à toi seule.
Comme tu fais avec moi sur msn xD



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Alors il resta là, au milieu de la rue regarda les gens déambuler devant lui. Il se mêla à la foule et se sentit invisible. Un peu plus chaque jour. Il scruta les alentours, l'horizon. Rien. Pas de belle chevelure ébène. Pas de sourire rivalisant avec celui de la Lune. Ses pieds le menèrent inconsciemment dans ce parc. Là où il l'avait vu pour la première fois. Les balançoires, les bacs à sable, l'aire de jeux, tout était désert. Normal après tout, la pluie a tout mouillé en un rien de temps. Il s'assit sur banc trempé. Pas grave. Puis il attendit.
Tout au fond de son esprit quelque chose lui disait qu'elle viendrait, qu'elle s'asseirait à côté de lui et qu'elle lui sourirait. Comme toujours. Et comme toujours ce quelque chose eut raison. Et il vit, malgré la brume, les formes d'une jeune fille qu'il connaissait...
Ces longs cheveux qui ondulaient légèrement sous le vent, cette tête légèrement inclinée sur le côté, cette main délicatement posé sur la hanche, cette silhouette élancée. Et Debbie vint s'asseoir à côté d'Aël.

- Ca faisait longtemps qu'on ne s'était plus vu.
- Si je t'ai vu dans le café tout à l'heure. Tu faisais peine à voir. On aurait dit que tu allais de noyer dans ton thé.
- Pourquoi tu n'es pas venue ?
- Tu étais encore avec cette fille. Tarah c'est ça ?
- Oui.

Aël rit un peu.

- Je crois qu'elle est jalouse de toi, pourtant elle ne t'a pas encore rencontrée.
- Peut-être que tu devrais mieux t'occuper d'elle...
- Et pourquoi tu crois que je ne m'en occupe pas ?
- Ca se voit comme le nez au milieu du visage. Elle est là, pendue à ton bras à attendre le moindre petit signe qui lui dirait que tu l'aimes.
- Mais je ne l'aime pas !
- Tu en es bien sûr ?

Comme toujours Debbie eut le dernier mot. A chaque fois qu'il la voyait, des tas de questions venaient se bousculer dans sa tête. Les réponses, elles, se faisaient plus discrètes. Et ensuite ils partageaient le plus beaux des silences. Un silence qui parle plus que des mots. Et sans prononcer la moindre parole ils se comprennent, s'entraident, rient et les questions reviennent, oubliant les réponses en chemin. C'est leur façon à eux de passer du temps ensemble, leur façon de s'échapper un peu d'ici. Puis comme deux inconnus ils se quittent, main dans la main, l'un partant à gauche et l'autre à droite. Et les réponses, ça sera pour une autre fois.

Toujours pour une autre fois.
Mais peut être que l'autre fois est encore bien loin.
Je les aime tant, tes personnages...
Bordel, tu as une imagination fantastique <3

Whan merci Bim' <3
Bon à part toi y a personne qui lit mais j'ai envie de mettre la suite quand même =)



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Il se retourna pour la regarder s'en aller, pas une ombre ne courait sur les arbres, rien ne bougeait, même le vent avait cessé. Les cheveux noirs de Debbie avaient disparus.
Il continua, mais sans se retourner, elle n'était plus là de toutes façons...

Tarah était appuyée contre le mur de son balcon, la fumée de sa cigarette s'échappait de sa bouche, voluptueuse, ses yeux remplis de larmes brillaient, ses mains tremblaient, secouée de sanglot, elle s'assit par terre ayant pour toute vue l'immeuble d'en face. La façade avait était jaune un jour, elle virait maintenant au gris marron comme la plupart des habitations du quartier.
Elle jeta sa cigarette se leva, pleine de résolution. Elle ouvrit la porte fenêtre et se glissa dans l'appartement, ses mains cherchèrent l'interrupteur quelques secondes, lorsqu'elle fut habitué à la lumière des néons elle ouvrit son sac et composa le numéro d'Aël.

Son souffle formait des petits nuages autour de son visage, il était assis au milieu des balançoires espérant qu'elle reviendrait et lui donnerait toutes les réponses.
Une mélodie synthétique résonna dans le parc vide. Il décrocha machinalement.

- Aël ? C'est Tarah, écoute désolée pour tout à l'heure.

Tout à l'heure ?! Ah oui...

- C'est pas grave, t'inquiète.
- Bon écoute pour me faire pardonner je t'invite à manger chez moi ce soir.
- Euh...
- Je pense qu'il faut qu'on parle de nous deux...
- Oui si tu veux, j'arrive bientôt...

Il jeta un dernier regard au parc humide et désert avant de s'engouffrer dans la bouche de métro la plus proche, il recommença les gestes mécaniques quotidiens, entra dans la rame, sortit, monta les escaliers.
Il continua, cherchant l'immeuble de Tarah des yeux, scrutant les gens, essayant d'apercevoir Debbie. L'espoir ne meurt jamais.

P'tit coup d'pouce à la vie.
Allez, Aël, allez =)

Han.
Tes personnages sont magnifiques.
J'aime <3
Beaucoup =)

Voila une petite suite ^^
Déslée pour le retard n__n



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Ne voyant aucune chevelure noire digne de ce nom il se résigna et entra dans l'immeuble de Tarah. La peinture sur les murs commençait à s'effriter, dévoilant des masses de béton gris. La lampe dans le hall se balançait nonchalamment et projetait des ombres effrayantes sur les murs. L'ampoule grésillait dangereusement et la lumière menaçait de s'éteindre à tout instant. Il monta les marches grinçantes jusqu'à l'appartement de Tarah au quatrième étage.
Et elle était là. Juste à côté de la porte, appuyée contre le mur, fumant une cigarette à la vanille. L'odeur se répandait dans tout le couloir et chatouilla les narines d'Aël.

- Qu'est-ce que tu fais là.
- Je t'ai suivi. Je te suis bien souvent mais c'est rare que tu me voies.
- T'es flippante.
- Je voulais aussi m'assurer que tu ne ferais pas de conneries.
- Tu sais je vais juste manger avec ma meilleure amie. Pourquoi je ferais des conneries ?
- Réfléchis, quelles conneries tu pourrais faire ?
- Arrête avec tes énigmes, j'y comprend jamais rien.
- Je sais bien. Mais j'essaye juste de t'ouvrir les yeux.
- Pardon ?
- Pffff... T'es lourd quand tu comprends rien comme ça.

Debbie tira une dernière bouffée et souffla la fumée sur le visage d'Aël. Elle l'embrassa doucement sur les lèvres puis s'engouffra dans la pénombre du couloir. Juste quand elle eut disparut dans l'obscurité la porte de l'appartement de Tarah s'ouvrit. Elle portait un vieux tablier rapiécé et Aël s'aperçut avec surprise qu'elle avait changé de vêtements depuis tout à l'heure. Elle s'était même remaquillée

- Tu parlais à qui ?
- A Debbie. C'est dommage que tu ne l'ai pas vu, elle était juste devant ta porte.
- Ouais... dommage, comme tu dis. Dit-elle dans un murmure. Allez entre.

Aël rentra dans l'appartement de Tarah, il aimait bien cet endroit, décoré n'importe comment avec des tableaux qui ne représentaient rien, les portes qui grinçaient, les volets qui étaient bloqués contre le mur extérieur et qu'on ne pouvait plus fermer, les lumières qui s'allumaient quand elles voulaient. Aël se laissa tomber dans le canapé du salon et de là il regarda en souriant Tarah s'affairer dans la cuisine.

Ouhla longtemps que je n'avais pas posté ici.
Aller, rien que pour toi Prune <3



Elle s'affairait entre les casseroles jouant des épices, volant entre les meubles de la cuisine étroite, tirant sa langue de chat devant les mots entrecroisés de la recette pour la suivre lettre à lettre. De temps en temps elle relevait la tête, remettant une mèche folle dans sa pince, elle regardait toujours du coin de l'œil, à ce moment là, les doux yeux verts d'Aël.
Lui souriant avec amour, trop d'amour. Il lui souriait naïvement, ne voyant pas ses lèvres à elle lui dire tous les je t'aime, il lui souriait d'amitié, comme il souriait tendrement aux étoiles.
Il se leva, se dirigea vers la fenêtre, l'ouvrit doucement, et s'appuya contre la rambarde du balcon. Les gens couraient, marchaient, dansaient, s'enlaçaient, riaient. Mais entre tout ces gens sa chevelure noire, ses yeux qui le regardait en souriant, en riant aux éclats et le montrant du doigt sans se soucier des gens autour.

- Debbie !

Tarah se retourna violemment les yeux embués.

- Non... Aël, non n'y vas pas, reste là, moi, non, pas elle, toujours elle...
Toujours elle ! Et pis casse toi ! Tu ne penses qu'à elle, il n'y a qu'elle, tu crèves sans elle ?! Salaud barre toi... vas t'en... vas t'en...
- Tarah, il s'approcha, excuse moi.

La main de Tarah vola.

- Excuse moi Tarah s'il te plaît.
- Casse toi, j'veux plus te voir, plus jamais.

Il sortit, tentant un dernier regard à son amie. Elle jeta son pull sur Aël. Criant. Rageant. Aimant. Pleurant.

- T'en as mis du temps tu sais.
- Pourquoi tu es là ?
- Je sais pas. J'avais juste envie de te voir.

Une bouffée de cigarette.
En plein hiver tu vois. Quand tu sens tes poumons se glacer dans l'air du matin. Ca me fait ça. L'impression de ne plus savoir respirer. (L)

je ne sais jamais quoi dire.
c'est inévitable avec toi.
Mais faut bien qu'je dise que je suis là.
<3

Citation :

Aller, rien que pour toi Prune <3

Rien que pour moi...
<3'

- Tu n'aurais pas du venir.
- Je le sais. Mais j'ai pas pu résister.
- Et maintenant on fait quoi alors ?
- J'en sais rien.

Elle n'en savait rien. Lui non plus. Et sans échanger un mot de plus il se prirent par la main, s'entraînant l'un l'autre dans les dessous de cette ville en folie. S'envolant dans les vapeurs chaudes des boulevards. Se cachant dans les recoins d'une ruelle sombre. Se volatilisant au milieu de la foule dense des fin de soirées. C'est comme si ils ne faisaient pas vraiment parti de ce monde. Ou plutôt de cette réalité. Aël repensa à Tarah. Et dans son petit appartement vide Tarah imagina Aël déambulant aux côtés de Debbie. En toute insolence, ils s'étaient quittés. Et maintenant, en toute innocence ils ne cessent de se blesser. Seulement un coup d'oeil vers Debbie et tout s'efface, tout s'envole, tout disparaît... Il n'y a plus qu'elle. Et lui ? Peut-être...
Marchant vers nulle part ils arrivèrent dans un grand parc, faiblement éclairé par des lampadaires un peu trop vieux. Ils s'assirent sur un banc, Debbie sur les genoux d'Aël. Il lui glissa la main sous le t-shirt et commença à lui caresser le bas du dos en l'embrassant doucement. Il avait tellement rêvé de cet instant qu'il avait l'impression de l'avoir vécu des centaines de fois. Toutes ces étoiles qui se mettent à briller comme par magie dans ses yeux. Les lampadaires qui s'éteignent leur laissant la lune comme unique éclairage. Le vent soufflant discrètement, faisant voler les cheveux de Debbie sur tout le corps d'Aël. Et les dizaines de papillons invisibles dans l'air, volant au gré de leur passion. Il n'y a que Debbie qui puisse utiliser une telle magie. Et Aël ne pense plus à rien, se jetant les yeux fermés dans un gouffre en ignorant où le fond pouvait bien se trouver.

- Arrête Aël.
- Qu'est-ce qui t'arrive ?
- Arrête. Laisse moi un peu respirer.

Debbie se leva et courut les bras écartés dans tout le parc, comme si elle allait s'envoler. Sa longue chevelure suivant le moindre de ses mouvements avec la grâce d'une reine. Aël cligna des yeux et se retrouva dans un parc vide. La musique du rire de Debbie de résonnant plus à ses oreilles. Puis dans son dos un souffle chaud lui réchauffa tout le corps. Il se retourna et se trouva nez à nez avec Debbie.

- J'ai cru que tu étais parti.
- J'aurais pu partir.
- Pourquoi tu ne l'as pas fait ?
- Je voulais pas te laisser seul dans ce grand parc vide et froid.

Aël ne répondit pas, préférant regarder Debbie dans ses yeux noirs, cherchant un signe sans savoir lequel. Juste un signe montrant un peu d'affection ou même d'amour. Un lourd silence s'installa alors entre eux. Il n'y avait rien pour le rompre. Même pas les rafales de vent ni le grésillement des lampadaires. Jamais Aël n'avait regardé Debbie comme ça. Là il ne voyait plus en elle une jeune fille vitale à sa survie mais une femme prisonnière d'une tristesse insurmontable, pieds et mains liés par une chaîne de larmes avec un cadenas de sanglots trop ignorés dont la clé devait se trouver loin, bien loin d'ici...

=] Je suis folle d'Aël. Complètement folle celle-là.
(L)

et mes derniers sourires sont invariablement tes mots.
la suite amour ?

Loin, oui, très loin...
Et moi je suis partie loin, très loin, dans les méandres de ton esprit.
je m'y perds, je m'y retrouve et je m'y égare mélancoliquement.
Rha, c'que j'aime toutes ces sensations =)
Merci =)

Trop loin pour qu'Aël aille la chercher lui-même, beaucoup trop loin pour des petits pas d'humain, beaucoup, beaucoup trop loin pour que ses mains ne l'atteignent.
Alors il se contenta d'attraper sa main, et d'entraîner ces si jolis cheveux noirs dans son petit monde, coincé entre deux ruelles sales, que même le soleil n'arrive pas à atteindre.

- Aël, où on va ?
- Tu verras bien.
- Aël, où on va ?

Il posa sa main sur les lèvres fines de Debbie.

- Là où j'ai volé le soleil.

La porte tenait encore debout, entre les murs fissurés et les vitres brisées. Il monta les escaliers quatre à quatre tirant Debbie qui regardait de tous les côtés.
Il tira une vieille clé de sa poche, inutile vu l'état de la porte, un gamin de cinq ans aurait pu l'ouvrir en tombant dessus.

- Voilà.
- Effectivement, ça doit faire longtemps que le soleil n'a pas daigné venir te rendre visite.
- Assied toi, tu veux du café ?

Sans attendre la réponse il se mit entre les deux meubles qui lui servaient de cuisine. Elle levait la tête vers le vieux plafond digne de grands palais en ruine. Ses yeux couraient sur le peu de mur qui l'entourait, couverts de peintures, d'affiches.
Il déposa les deux tasses sur la caisse servant de table basse, poussant magazines, livres d'art, recueil sur diverses expos. Elles fumaient, elles s'entrelaçaient dans leur souffle.

- Pour tout à l'heure tu ne m'en veux pas de t'avoir...

Il réfléchit quelques instants en souriant aux grains de poussière.

- J'ai le droit à un cadeau de pardon ?
- Aël... T'es désespérant.

Quelqu'un frappa à la porte, « ça ne peut être qu'elle, non pas maintenant Tarah ».
Les coups retentissaient.

- Aël ! Ouvre ! Je sais que t'es là, je suis venue m'excuser. Tout est de ma faute.

Il se leva, fit quelque pas pour ouvrir la porte.

- Entre, de toutes façons, que t'entres ou pas maintenant ça change rien.
- Merci, tu n'étais pas avec Debbie ?
- Si pourquoi ?
- Où elle est ?

La pièce était désespérément vide, deux tasses de café fumant sur la caisse une à moitié vide, l'autre encore pleine.

Aël <3

Han. Un seul regret : ne pas être venue plus tôt.
Bordel. Voilà quoi.
J'aimerais t'dire d'arrêter de choper mon coeur et ma tête pour les trimbaler n'importe où, quelque part, autre part, mais non. J'peux pas. Parce que j'aime ça.
Merci.

- Elle était là... fit Aël l'air pensif.
- Aël, tu es sûr que tu vas bien ? Je me fait du soucis pour toi tu sais...
- Oui oui, ça va. Ne t'inquiète pas. Aël secoua la tête, comme pour reprendre ses esprits.

Quand il releva les yeux vers Tarah, il vit dans le dos de sa meilleure amie Debbie qui s'engouffrait dans le vieux couloir en lui faisait un petit signe de main. Il ne put s'empêcher de sourire et se reconcentra sur Tarah.

- Ca va même très bien. Ne t'en fais pas pour moi Tarah. Allez, rentre.
- Merci...

Tarah ne se le fit pas dire deux fois en entra dans l'appartement d'Aël en le bousculant. Elle s'assit sur le canapé tout défoncé et se réchauffa les mains sur les tasses encore chaudes. Puis elle but une gorgée dans celle de Debbie et s'allongea de tout son long sur le canapé en grelottant. Aël vint s'asseoir à côté d'elle et la recouvra d'une couverture bien chaude tout en lui frictionnant les épaules.

- Quel temps pourri en ce moment. Je te jure demain je retourne voir le soleil et je lui rend sa couleur et sa chaleur. Promit Aël à Tarah en riant un peu.
- Aël... Tarah soupirait.

Exaspérée par l'attitude d'Aël, cette attitude de gamin qui ne prend rien au sérieux. C'est comme si pour lui rien n'avait d'importance. Il ne se rendait pas compte que le moindre de ses gestes blessait Tarah en la poignardant directement au coeur. Et quand il parlait de Debbie c'était pire. Il la tuait carrément. Mais il ne se rendait compte de rien, et continuait de faire souffrir Tarah, avec la plus douce des innocences.

- Je crois qu'on devrait parler Aël. J'ai pas mal de choses à te dire...
- Je t'écoute.
- Mais ne m'interromps pas s'il te plait.
- Promis !
- Je te déteste...
- Pardon ?
- Me coupe pas la parole s'il te plait. Oui je te déteste Aël. Je te hais même. Je ne supporte plus d'être là, dans cet appartement pourri avec toi. Je ne supporte plus. Tu peux pas savoir toutes les gifles que je me suis retenu de te donner. Tu m'énerves à agir, parler, sourire, rire sans penser aux conséquences que ça pourrait avoir sur moi. Et même sur toi. Je ne sais plus quoi dire, comment agir quand je suis avec toi. Depuis que cette fille est entrée dans ta vie moi je ne suis plus qu'un fantôme qui erre entre tes deux mains attendant patiemment d'être misérablement écrasé. Oui j'te hais. J'te hais pour toutes ces raisons. Mais même si je crève d'être avec toi, même si chaque jour tu me tues un peu plus avec tes paroles, tes gestes, je t'aime. Je dépend complètement de toi, il faut que je te vois, te touche, sente ton odeur, te parle. Désolée mais je ne peux pas m'en empêcher. Peut-être que tu ne peux pas comprendre ça mais il fallait absolument que je te le dise.

Tarah semblait être sortit de son corps. Elle parlait avec un détachement tel que c'était à se demander où étaient passés tous ses sentiments. Elle avait les yeux grands ouverts et regardait avec un intérêt profond les deux tasses de café qui ne fumaient plus depuis un moment. Mais quand elle s'arrêta de parler elle regarda Aël droit dans ses yeux verts. Des larmes d'amour, de haine, de tristesse, de rancoeur, de vengeance coulaient sur ses joues de porcelaine, blanches comme la neige, douces comme le vent qui souffle. Aël regarda longtemps son amie, cette jolie fille qu'il avait laissé filer. Une jolie perle qu'il avait abandonné au beau milieu du désert et qui se recouvrait de sable petit à petit. Il enfouit son visage dans ses mains, rageant contre lui-même.

- Pardon... Pardon Tarah...Mais tu sais moi aussi je dépend de quelqu'un...J'peux pas m'en passer faut que je sente sa présence près de moi sinon je deviens fou...
- Laisse, je sais de qui il s'agit...
- Excuse moi Tarah.

Aël se jeta sur Tarah et la serra dans ses bras tellement fort qu'elle en eut le souffle coupé quelques instants. Et il ne la lâcha plus. Comme si il avait peur qu'elle s'envole.