Bon je poste une petite suite pour le peu de gens qui me lisent.
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D’un automatisme effréné Cœur de Lune a poussé la poignée, la peur au ventre et le souffle dans ses baskets.
La pièce était déserte, une odeur de cannelle flottant dans l’air comme un joli petit nuage de vapeur. Des mégots de cigarette s’égaraient dans un vieux cendrier posé sur une forte table en bois. Le vent faisait danser les rideaux, le soleil inondant la pièce de ses rayons dorés.
Cœur de Lune s’est faufilé dans la chambre de sa sœur, la découvrant devant son ordinateur, les yeux rougis par la lumière de l’écran.
- Ferme la porte petit frère.
Il n’avait jamais compris comment sa sœur arrivait encore à l’entendre et le voir malgré sa fascination pour toutes ces petites parcelles d’écran.
Les mains de sa sœur se sont faufilées délicatement dans les cheveux de son frère, qui s’est laissé tombé machinalement dans l’étreinte de son aînée.
- Aide-moi ‘Gin.
- On verra.
- J’attendrais alors.
- Tu as soif ? J’vais faire du thé.
Sans pouvoir protester le menu corps de ‘Gin a disparu dans la cuisine.
Cœur de Lune devait parler à Ellen, elle ne savait pas tout. Le temps leur avait manqué, s’effilant comme des gouttes d’eau dans une passoire.
Il devait lui dire qui était Pommier d’Automne.
Ou Pom’, l’homme à l’odeur sucrée qui faisait frémir les corps du bout de ses dents blanches.
Ou Pom’, l’homme qui avait réveillé en lui des désirs étrangers, brisant toutes ses habitudes.
Pommier d’Automne valait la peine d’être rencontré.
Ne serait-ce que pour voir son visage tacheté de poussière de sable.
Ou encore pour admirer ses mains parler sans voix, se levant, s’agitant, vibrant au rythme du langage.
Cœur de Lune devait dire à Ellen.
Lui dire que sa moitié perdue n’était pas une sombre déesse bleutée mais un Apollon doré.
Doré comme une pomme fraîche.
Le comprendrait-elle ?
Sûrement pas.
Parce que dans cette histoire, c’était elle qui sauterait par la fenêtre, emmenant avec elle tous les plaisirs anodins de la vie.
Une tasse de thé à la main.
Et ‘Gin regarderait ça au travers de sa caméra, pour mieux se protéger des malheurs et des peines qui lui serraient la gorge depuis bien trop longtemps.
Nous sommes si fragiles.
Au fond.
Et au dehors.