Ce paradis en papier est sublime.
Les personnages plus qu'attanchants. ça a été dur de les quitter. Très dur.
Pas besoin d'en dire vraiment plus [j'y arriverai pas x) ] , c'est du Baricco dans toute sa splendeur quoi. <33
"Pehnt resta un peu à réfléchir.
-Mais combien de fois on peut le faire?
-Quoi ?
-Faire des saloperies.
-Pas trop de fois, si on veut réussir à dormir de temps en temps.
-Dix ?
-Peut-être un peu moins. Si ce sont de vraies saloperies, un peu moins.
-Cinq ?
-Disons deux...Bon, et puis il peut y en avoir une peut-être qui...
-Deux ?
-Deux.
Pehnt descendit de la chaise. Il marcha un peu de-ci de-là dans la pièce, ruminant des pensées et des bouts de phrases. Puis il ouvrit la porte, sortit sous la véranda et s'assit sur les marches de l'entrée. Il tira d'une poche de sa veste un petit carnet violet: usé, chiffonné, mais avec une allure à lui.
Il l'ouvrit avec un soin méticuleux à la première des pages blanches. Il prit de sa poche de poitrine un bout de crayon puis cria vers l'intérieur de la maison
-Qu'est-ce que c'est après deux sept neuf ?
Pekisch était courbé sur le journal. Il ne leva même pas la tête.
-Deux huit zéro.
-Merci.
-De rien.
Lentement et avec une application méticuleuse Pehnt commença à écrire:
280. Saloperies - environ deux dans la vie.
Il resta un instant à réfléchir. Il alla à la ligne.
Après on les paie.
Il relut. C'était bien ça. Il ferma le carnet et le glissa dans sa poche."
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"-Pehnt est bizzare, disaient les gens.
-C'est la vie qui est bizzare, disait Pekisch.
Pekisch ,n'était pas, à proprement parler, le père de Pehnt. Au sens où Pehnt n'avait pas, à proprement parler, de père. Ni de mère non plus.
C'est-à-dire que l'histoire n'était pas simple.
On l'avait trouvé quand il n'avait pas plus de deux jours, emmailloté dans une veste d'homme noire et posé devant la porte de l'église de Quinnipak. C'était la veuve Abegg, une femme dans la cinquantaine, estimée dans toute la ville, qui l'avait pris chez elle et qui l'avait élevé. Pour être précis, elle ne s'appelait pas réellement Abegg et elle n'était pas réellement veuve. C'est-à-dire que l'histoire était plus compliquée.
Une vingtaine d'années auparavant elle avait fait la connaissance au mariage de sa soeur d'un sous-lieutenant à la belle présence et à l'ambition mesurée. Avec lui, pendant trois années, elle avait entretenu une correspondance abondante et de plus en plus intime. La dernière lettre qui lui arriva du sous-lieutenant contenait une prudente mais précise demande en mariage. Par un phénomène analogue à celui qui avait frappé Pekisch au moment où il lisait la lettre de Marius Jobard, cette proposition parvint à Quinnipak douze jours après qu'un boulet de canon d'un poids de vingt kilos eut soudainement ramené à zéro les possibilités pour le sous-lieutenant de prendre femme: et, plus généralement, de faire quoi que ce soit."
Je n'ai pas forcément mis mes passages préférés. J'en ai beaucoup, beaucoup trop, et j'aime beaucoup trop de personnages aussi, avec leur histoires....
[Pensée à Mormy, Jun, Le vieu de la fabrique de verre et Elisabeth. <3]
A lire absolument =)