[terminée] Merci mon Dieu

Ma première fic sur Tokio Hotel.
Ma première fic vraiment longue.
Ma première piqûre d'écriture.
Vous me direz si ça a trop vieilli. :p

Merci mon Dieu

J’ai dix-sept ans aujourd’hui. Déjà. Je me souviens encore de mon entrée au collège, de mon déménagement, de ma solitude des premiers mois, de mes premiers amis, des disputes, des réconciliations, de mon entée au lycée, des déceptions amoureuses et des inquiétudes face à mon avenir.

Je me rends compte que je parle parfois comme une vieille femme qui aurait tout vu de la vie.
Je sais que c’est complètement faux, et que cette curieuse me réserve encore bien des surprises, bonnes comme mauvaises.

J’ai dix-sept ans aujourd’hui et rien n’a changé. Les cours sont toujours pareils, mon entourage aussi. Je vois toujours le monde comme une vaste blague.

Je suis née en octobre, commencement de l’automne, et aujourd’hui le ciel est ombrageux, comme mes pensées. L’atmosphère est mélancolique ; et la mélancolie, c’est le bonheur d’être triste. Je ne suis pas vraiment heureuse, mais pas franchement malheureuse non plus. Je me demande si un jour il y aura un changement dans ma vie où si je continuerai indéfiniment à espérer.

…

Les cours se suivent et je m’ennuie. Non, je n’aurais pas droit à un traitement de faveur en vertu de mon anniversaire. Pas de repos, j’ai le BAC à la fin de l’année. Oui, oui, Madame, je plaisantais bien sûr. Je soupire. C’est long, cinquante minutes.

A la dernière sonnerie de ma journée, je me précipite dehors sans attendre mes amis. Ils ne vont pas comprendre et m’en vouloir un peu, mais tant pis. J’ai besoin… d’air ? Quelque chose comme ça.

Je descends à pied jusqu’à la gare, pour éviter la foule estudiantine heureuse d’être enfin libre.
Et puis je monte dans le métro, sans vraiment faire attention à ma destination et me retrouvant sans y faire attention devant l’Opéra.

Je n’peux pas m’empêcher de le regarder en me moquant gentiment de sa laideur.
Chacun ses goûts, il paraît. Il est comme une bête, un grand géant noir au milieu des immeubles anciens du centre de Lyon. Pourtant je l’aime bien, il se démarque des autres bâtiments.
C’est mon Opéra mal-aimé.

Je commence à m’en approcher dans l’intention de prendre un prospectus mais une main m’arrête.

« Excusez-moi, Mademoiselle… »

Je me retourne, surprise de l’accent germanique de l’homme qui vient de m’interpeller.
Ce n’est pas courant de se faire aborder dans la rue, et encore moins par un étranger.

Et là, pour la première fois de ma vie, je me dis que Dieu existe peut-être finalement.

---

Oui Nao, c'est du génie. De la folie pure, sans un gramme de lucidité dans ce que tu dis, tu pourrais raconter la vie, ce serait toujours aussi exceptionnelle. Moi j'aurai cru que la vie ne se raconte pas avant toi.Eh bien, j'aurai eue tort. Et puis enfin, cet air d'ennui. Je crois bien que c'est ca qui me plait le plus. Parce que dans les lignes de ton histoire c'est une longue histoire d'amour entre l'ennui et la passion. Et je suis bien folle de te lire, parce que ce sera peut-etre a cause de ca que je finirai au sol.

[Je suis fatiguée xD, j'enchaine.]

Parce que non, moi, je n’ai jamais cru en Dieu. Mes parents m’ont baptisée quand j’étais petite, mais tu ne peux rien y comprendre quand t’es tout bébé. Tu n’peux pas dire si oui ou non tu vas suivre des préceptes ou si tu vas croire en la sainte trinité. Je n’suis jamais allée au catéchisme non plus d’ailleurs, et ça ne m’a jamais manqué.

Je n’ai jamais compris les personnes qui allaient à la messe tous les dimanches matin, ou celles qui me disaient que c’était nul de ne croire en rien. Désolée, je répondais. J’aurais bien aimé croire en quelque chose, moi, j’me disais qu’ça devait être bien chouette.

Ma mère m’a confié un jour qu’elle s’en sentait coupable, parce qu’elle ne m’y avait pas éduqué, qu’elle avait pensé qu’elle me l’enseignerait sans avoir besoin de m’y sensibiliser. Par l’opération du Saint Esprit, quoi. J’ai tenté de la faire rire, de dédramatiser la situation, comme à mon habitude. J’aurais voulu lui dire que ce n’était pas de sa faute mais de la mienne, sûrement, même si je ne savais pas où j’avais fauté. J’aurais voulu lui demander pardon, d’une certaine façon. Et pourtant c’est elle qui s’est excusée ce jour-là, de ne pas m’avoir évité des peurs profondément ancrées dans le genre humain qu’il paraît que la foi soulage un peu. L’incertitude de la mort, surtout. Et puis la peur viscérale de souffrir, et la recherche perpétuelle de la raison de ton existence sur cette Terre.

Moi j’me suis toujours contentée d’hausser les épaules et de lever les yeux vers le Ciel, tout en m’disant qu’il ne pouvait rien y avoir, là-haut, à part des nuages et de l’ozone, puis un infini rempli d’étoiles et de planètes.

Et là, j’suis en train de me perdre dans des yeux, des yeux dont j’ai souvent rêvé, en me demandant si finalement il n’y a pas une puissance au dessus de nous qui nous donne parfois des p’tits coups de pouce.

Et puis ‘faut dire, question d’habitude, que les seuls mots qui me viennent à la bouche sont « Oh, mon Dieu ». D’ailleurs, je n’peux pas m’empêcher de les souffler, ce qui fait rire mon interlocuteur. Mon cœur fait un nouveau bond et je rougis comme une tomate.

Oui, j’peux l’affirmer au monde entier, Bill Kaulitz à un rire à faire se damner un saint. Et moi, en l’occurrence, qui suis pendue à ses lèvres.

Je me reprends, tâchant de garder un soupçon de self-contrôle, mon dernier bout d’honneur. Je n’aime pas me transformer en masse gargouillante incapable de formuler une phrase, je me soigne depuis déjà quelques années déjà de ma timidité à l’origine presque maladive.

« Oui, je lui demande rapidement, vous aviez besoin de mon aide ? L’entrée est là, et pour les prospectus c’est le présentoir juste ici. » Je le vois qui perd un peu contenance.

Apparemment, il ne parle pas encore un Français parfait. « May I help you ? » je l’aide, en me demandant fébrilement si c’est ce qu’on dit dans cette situation. Bon sang, elle est passée où, mon assurance en anglais ?

« Je parle un peu français. Mais doucement. » Il tire la langue adorablement et j’étouffe un léger rire. « Je… c’est ici le Opéra ? »

« Oui. Vous vous y intéressez ? » Je lui demande, les yeux ronds. Il rit encore. Vous avais-je déjà signifié que Bill Kaulitz avait un rire adorable ?

« Je crois… Il y a Jazz aussi. Et je… voulais trouver un moyen de vous… parler.
- Pardon ? »

Je crois que j’ai parlé un peu trop fort, là. Gêné, il détourne les yeux pendant que je cherche désespérément une caméra dans les environs. Et puis je lève les yeux au ciel et lui souris franchement.

Je lui fais une petite courbette en révérence et je me lance, en parlant bien lentement pour qu’il puisse comprendre.

« Bonjour, je m’appelle Laure. Je suis ravie de vous rencontrer. J’aime beaucoup Tokio Hotel. Sinon, j’ai dix-sept ans aujourd’hui… Vous m’invitez à dîner quelque part ? »

Je ne me rends pas compte du culot que je viens de montrer. Je ne suis pas comme ça, d’habitude. Et pourtant, je suis extraordinairement heureuse alors qu’il me sourit encore une fois, si simplement. Et je ne peux m’empêcher de sourire en retour et de m’amuser comme une folle.

C’est mieux qu’une sortie de bahut après une journée de cours horriblement longue, c’est mieux que quand tu roules trop vite sur l’autoroute et que tu te sens voler, c’est mieux que vent qui te souffle au visage quand tu fais face à la mer.

C’est la liberté même que je ressens en ce moment, c’est comme une overdose de bonheur… C’est Bill, l’homme qui me fait rêver depuis un an et demi à travers sa voix.

Et moi je dis…

Merci, mon Dieu…

---

Je la ressens d'ici sa joie =)

Merci à toi. C'est... Waw... Merci. Mon coeur aussi, il s'accélère à chacune de tes phrases.

Quel souvenir cette fic ...
Ca va faire du bien de la relire <3

En fait c’est moi qui me retrouve à le guider, comme il ne connaît pas vraiment la ville. Je l’emmène dans une rue parallèle qu’on descend pendant une dizaine de minutes pour arriver dans une ruelle remplie de restaurants tous plus attirants les uns que les autres.

Je suis déjà passée par là une poignée de fois mais je n’y ai jamais mangé. C’est un endroit sombre, un peu magique, mystique. Les lumières faibles éclairent l’obscurité de tous les côtés, sortant de tous les restaurants. J’ai toujours trouvé ça charmant, mais je dois dire que là, c’est l’apothéose, parce que je marche au côté de Bill.

On n’a pas parlé beaucoup, au final. C’est une situation un peu étrange mais pas désagréable, au contraire. Je crois qu’on apprend à se connaître avec le regard, avec les sensations. Et en réalité, c’est bien plus profond que la parole.

Là je vois ses yeux qui pétillent, qui ne savent plus où regarder, où s’attarder. Puis il s’arrête, me fait signe de ne plus bouger et s’écarte légèrement de moi. Je mets un petit instant pour savoir où il veut en venir, mais je comprends quand il me fait tourner sur moi-même, et je ferme les yeux.

Je tourne, et tourne encore, en riant et en envoyant mon tournis légendaire aller voir sur Mars si j’y suis. C’est curieux, j’entendrais presque Bill sourire à mes côtés, même si ça n’a pas de sens.

Je m’arrête de tourner et ouvre les yeux sur un petit restaurant aux couleurs chatoyantes. C’est ici qu’on ira.

On a à peine le temps de s’installer que Schrei retentit. Avec un peu de honte, je me dépêche de récupérer mon téléphone portable et de répondre avec un soupir à ma mère.

Je ne l’ai pas prévenue et elle a dû essayer d’appeler à la maison… je vais me faire enguirlander.

« Allo, Maman ?
- Mais qu’est-ce que tu fais ?
- Excuse-moi, mais je suis en ville, là.
- Et tu as vu l’heure ?
- Ne t’en fais pas Maman, je ne vais rentrer trop tard et demain c’est samedi. Je mange au restaurant. Avec un ami, puisque c’est probablement ce que tu t’apprêtes à me demander. »

Je l’entends qui se calme. Bill me regarde légèrement amusé de la situation.

« Un ami ? Un garçon ? Tu fais attention, hein ?
- Maman, tu as confiance en moi, non ?
- Oui, mais…
- Maman…
- D’accord, d’accord. Après tout, tu as dix-sept ans, hein ? Bon, et bien amuse-toi bien ma chérie.
- Merci, Maman. On se rappelle demain. »

Je raccroche en souriant. Ah, ma mère. Un peu surprotectrice mais c’est toujours mieux que pas assez. J’ai toujours écouté avec un peu d’incompréhension mes camarades se plaindre de leurs parents, et plus particulièrement de leur mère.

Evidemment, il y a des moments où elle m’agace, et je sais qu’il y a des sujets sur lesquels nous ne serons probablement jamais d’accord. Parfois elle m’exaspère, et souvent je sens qu’on ne se comprend pas.

Pourtant c’est ma mère. Ça serait quelqu’un d’autre, je n’y arriverais pas, à passer par-dessus tout ça. Mais c’est ma mère. C’est elle qui m’a faite, c’est elle qui m’a attendu patiemment en caressant son ventre tout rond, c’est elle qui a souhaité si fort ma venue que je me suis installée en elle pour ne plus la quitter. C’est aussi elle qui m’a guidé dans mes premiers pas, qui m’a donné de quoi survivre dans ce monde : de quoi manger, de quoi boire, un foyer où dormir, et surtout beaucoup d’amour.

« Schrei ?
- Euh oui, je réponds, surprise par sa question, un peu perdue dans mes pensées sans doute. Je… Je trouve que cette chanson me convient bien.
- Pourquoi ?
- … Parce que c’est une libération, un cri qui pousse à être soi-même.
- Et qui êtes-vous ?
- Une personne qui aimerait que vous lui disiez tu. »

---

J'a-dore... I'm an addict. J'm'y accroche et j'lâcherais plus.

Le dialogue à la fin de ce passage ...
J'm'en souviens.
Il m'avait marqué.
J'sais plus pourquoi.
Et cette phrase "Une personne qui aimerait que vous lui disiez tu. " des fois elle me revient dans la tête, comme ça, sans prévenir.
J'trouve ça génial.

Hé Robyne =]
Merci.
Tant mieux si tu lâches pas.

Camomille, huhu, elle est simple poutant. C'est une phrase que j'aurais bien prononcée, je pense. Pour une fois, elle me ressemble.
(L)

Le serveur vient nous interrompre pour nous donner le menu. Vu le regard qu’il lance à Bill, je crois qu’il est très impressionné par sa coupe. Je camouffle un rire, que Bill surprend et comprend. Avec un clin d’œil, il attrape ses cheveux à la base de sa nuque pour montrer, implicitement bien sûr, le tatouage de son groupe au serveur qui repart, troublé.

Nous pouffons discrètement ensemble et j’aime cette complicité qui s’est installée sans qu’on ne s’en aperçoive dans notre relation.

« Alors… tu n’as que dix-sept ans ?
- Oui, oui. Je sais, je fais plus âgée.
- Ça te ennuie ?
- Je ne sais pas. Oui et non. Je ne veux pas grandir trop vite mais en même temps c’est flatteur.
- Flatteur ?
- Euh… c’est… ça fait plaisir à entendre.
- D’habitude ce n’est pas quelque chose plaisant, si ?
- Non, mais c’est bien d’entendre que les gens nous trouvent mature. Les gens de notre âge ne le sont pas souvent…
- C’est vrai que ça se voit que tu as quelque chose à dire, toi. »

Sur ce, un autre serveur fait son apparition pour nous demander ce que nous avons choisi. Je reste un instant à penser à ce que Bill vient de me dire. Avoir quelque chose à dire… c’est être intéressante, quelque part. Est-ce que ça veut dire qu’il me trouve intéressante ?

Et je réalise un tout petit peu. Je suis au restaurant avec Bill Kaulitz, qui me complimente discrètement. Je… Trop d’émotions en même temps.

« Et ta mère, elle n’est pas chez toi ?
- Non, pour quinze jours. Elle donne une master class à Munich.
- A Munich ?
- Oui, à la Hochschule. Elle donne des cours de chant. C’est une grande artiste lyrique.
- Et toi, tu chantes ?
- Non. »

Non, s’il vous plaît, pas lui. Je ne veux pas qu’il me compare à ma mère. Qu’il ne me demande pas son nom, s’il vous plaît.

… Ça a toujours été une de mes plus grosses déceptions de ne pas avoir pu suivre les traces de ma mère. Quoique déception n’est pas vraiment le mot.

J’aurais aimé être chanteuse, mais je n’ai pas la voix pour chanter de l’opéra comme elle l’a fait.
Chanteuse lyrique… un pléonasme, peut-être pour renforcer l’idée qu’il faut vraiment avoir du talent. Et chanteuse tout court, ça m’aurait plu, mais y’a toujours eu trop de nouveaux talents. Et moi, je n’me suis jamais sentie d’attaque, je n’m’en suis jamais sentie capable.

Les rêves de paillettes et de projecteurs, ça fait déjà quelques temps que je les ai abandonnés. Et pourtant, on me demande toujours… « Tu chantes bien ? » Non, je ne chante pas particulièrement bien. Non, le talent, ce n’est pas héréditaire. Non.

Mais je suis moi et c’est déjà bien, non ? Même si je n’suis pas grand-chose.

---

Aaah j'adore tout simplement ^^

=) Ma patate princesse c'est toujours toi qui me fais le plus rêver. T'vas ma manquer =D

Bordel.
Cette fic' là.
Celle qui m'avait explosée le coeur d'allégresse.
Tu la recommences.
Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
XD ¤ Calme sa joie ¤ =]
Merveilleux.
Paillettes sur le coeur !!!!
<3

Han.
J'ai cliqué au hasard en fermant les yeux.
Merci mon Dieu <3
Nao, j'les z'aime tes mots.

Je crois qu’il a compris le message puisqu’il ne m’en reparle pas. Le dîner se passe merveilleusement bien, et de plus en plus je le sens qui s’avance vers la séduction et je réponds à ses avances, un peu étourdie.

Puis un gâteau arrive, étincelant, et toute la salle se met à me chanter « joyeux anniversaire » en suivant la voix de Bill. Je suis tellement émue que mes larmes ne viennent même pas. Je ne sais pas quand il s’est débrouillé pour me préparer ça, mais c’est magnifique.

C’est un gâteau aux fruits rouges, en plus de ça. Mon préféré. Chocolat c’est trop lourd, café je supporte pas et les autres c’est simplement moins bon.

Je suis émerveillée par cette soirée magique, et par ces bougies feux d’artifices qui lancent leurs petites lucioles dans l’air. Et quand je relève la tête pour le regarder lui, je vois son regard rempli de tendresse et j’en ai la tête qui tourne de joie.

Dieu, j’ai déjà essayé plusieurs fois avec des hommes, de voir si ça pouvait marcher.
Il y en a même certains que j’ai cru aimer, mais ça c’est toujours arrêté parce que je m’apercevais que c’était pas ce que je recherchais. Ça c’est toujours stoppé avant quoique ce soit, en fait.

Et là… Je sais, c’est une rock star, je suis une simple lycéenne. Je sais, il est allemand, je suis française. Je sais, il irradie, je tente vainement de briller un peu. Pourtant, tout ça, là, juste là,
ça n’a plus d’importance.

Vous savez quoi, mon Dieu ? Juste là, comme ça, sous son regard, j’ai l’impression d’être superbe, unique, admirable. J’ai l’impression d’être désirée, vraiment. Désirée entièrement. J’ai l’impression que l’homme qui me regarde comme ça est en train de se dire qu’il me veut à ses côtés pour toute la vie, et je me dis que rien ne me ferais plus plaisir et plus de bien que de m’évaporer dans ses bras.

Et vous savez quoi, mon Dieu ? Merci.

---

Une fois le gâteau consommé et les tasses traditionnelles de café bues, je me rends compte qu’il est déjà une heure. Je n’avais pas vu le temps passer. Qui s’en serait soucié, de toutes façons ?

Bill et moi on continue de se regarder en s’insinuant jusqu’au fond de l’âme. Je m’sens lue comme un livre. Je pensais pas qu’elle pouvait être vraie, cette expression. De toute façon, jusqu’il y a quelques heures, il y a beaucoup de choses que je ne pensais pas.

Mais tout ça, c’est à lui qu’il faut que je le dise, pas à vous Seigneur, hein ? Vous, vous l’savez déjà, puisque vous l’avez mis en travers de ma route.

« Merci.
- Pour quoi ?
- Pour m’avoir appris à te connaître et à me connaître.
- …
- Tu crois que je peux t’apporter quelque chose, moi aussi ? »

Il ne répond pas. Non, au lieu de ça il me parle encore une fois avec ses gestes, et ça touche mon cœur à un point que ça ne devrait pas être permis.

Vous savez ce qu’il me fait ? Oui, vous le savez, hein. Mais je veux vous le dire quand même. Vous êtes mon père après tout, non ?

Il me prend la main.

Je l’avais posée sur la table et il l’a délicatement prise dans la sienne. Je suis aux anges… Je n’pensais pas non plus qu’on pouvait avoir l’impression de voguer avec les nuages.

Mon Dieu… C’est là que je veux être. C’est ça que je veux faire. C’est lui. Rien que lui. Est-ce que je suis devenue folle ? Ce n’est pas raisonnable, j’ai ma mère ici à Lyon, et lui il va partir en tournée… et puis je dois passer mon BAC.

… Mais pourquoi je pense au BAC dans un moment pareil ? L'effet étouffant de l'éducation me surprendra toujours… Schrei me revient en mémoire et je souris à Bill en me levant.

Nous partons en nous rapprochant de plus en l’un de l’autre. Bien vite il met son bras autour de mon épaule et moi le mien autour de sa taille.

Je ne sais toujours pas comment ni pourquoi mais je me retrouve dans une limousine noire. Bill me tient serrée contre lui.

Et moi je me dis… Je me dis que je pourrais bien mourir ce soir.

Même si c’est complètement stupide, même si j’ai plein de choses qui m’attendent, j’me sens prête à partir. Maintenant que j’l’ai rencontré, lui, j’ai l’impression d’avoir atteint le but de ma vie. Même si ça aussi, ça sonne comme une expression exagérée des sentiments d’une fille amoureuse.

Je n’ai plus envie de rester terre à terre depuis qu’il est là.

---

Je crois qu’il a compris le message puisqu’il ne m’en reparle pas. Le dîner se passe merveilleusement bien, et de plus en plus je le sens qui s’avance vers la séduction et je réponds à ses avances, un peu étourdie.

Puis un gâteau arrive, étincelant, et toute la salle se met à me chanter « joyeux anniversaire » en suivant la voix de Bill. Je suis tellement émue que mes larmes ne viennent même pas. Je ne sais pas quand il s’est débrouillé pour me préparer ça, mais c’est magnifique.

C’est un gâteau aux fruits rouges, en plus de ça. Mon préféré. Chocolat c’est trop lourd, café je supporte pas et les autres c’est simplement moins bon.

Je suis émerveillée par cette soirée magique, et par ces bougies feux d’artifices qui lancent leurs petites lucioles dans l’air. Et quand je relève la tête pour le regarder lui, je vois son regard rempli de tendresse et j’en ai la tête qui tourne de joie.

Dieu, j’ai déjà essayé plusieurs fois avec des hommes, de voir si ça pouvait marcher.
Il y en a même certains que j’ai cru aimer, mais ça c’est toujours arrêté parce que je m’apercevais que c’était pas ce que je recherchais. Ça c’est toujours stoppé avant quoique ce soit, en fait.

Et là… Je sais, c’est une rock star, je suis une simple lycéenne. Je sais, il est allemand, je suis française. Je sais, il irradie, je tente vainement de briller un peu. Pourtant, tout ça, là, juste là,
ça n’a plus d’importance.

Vous savez quoi, mon Dieu ? Juste là, comme ça, sous son regard, j’ai l’impression d’être superbe, unique, admirable. J’ai l’impression d’être désirée, vraiment. Désirée entièrement. J’ai l’impression que l’homme qui me regarde comme ça est en train de se dire qu’il me veut à ses côtés pour toute la vie, et je me dis que rien ne me ferais plus plaisir et plus de bien que de m’évaporer dans ses bras.

Et vous savez quoi, mon Dieu ? Merci.

---

Une fois le gâteau consommé et les tasses traditionnelles de café bues, je me rends compte qu’il est déjà une heure. Je n’avais pas vu le temps passer. Qui s’en serait soucié, de toutes façons ?

Bill et moi on continue de se regarder en s’insinuant jusqu’au fond de l’âme. Je m’sens lue comme un livre. Je pensais pas qu’elle pouvait être vraie, cette expression. De toute façon, jusqu’il y a quelques heures, il y a beaucoup de choses que je ne pensais pas.

Mais tout ça, c’est à lui qu’il faut que je le dise, pas à vous Seigneur, hein ? Vous, vous l’savez déjà, puisque vous l’avez mis en travers de ma route.

« Merci.
- Pour quoi ?
- Pour m’avoir appris à te connaître et à me connaître.
- …
- Tu crois que je peux t’apporter quelque chose, moi aussi ? »

Il ne répond pas. Non, au lieu de ça il me parle encore une fois avec ses gestes, et ça touche mon cœur à un point que ça ne devrait pas être permis.

Vous savez ce qu’il me fait ? Oui, vous le savez, hein. Mais je veux vous le dire quand même. Vous êtes mon père après tout, non ?

Il me prend la main.

Je l’avais posée sur la table et il l’a délicatement prise dans la sienne. Je suis aux anges… Je n’pensais pas non plus qu’on pouvait avoir l’impression de voguer avec les nuages.

Mon Dieu… C’est là que je veux être. C’est ça que je veux faire. C’est lui. Rien que lui. Est-ce que je suis devenue folle ? Ce n’est pas raisonnable, j’ai ma mère ici à Lyon, et lui il va partir en tournée… et puis je dois passer mon BAC.

… Mais pourquoi je pense au BAC dans un moment pareil ? L'effet étouffant de l'éducation me surprendra toujours… Schrei me revient en mémoire et je souris à Bill en me levant.

Nous partons en nous rapprochant de plus en l’un de l’autre. Bien vite il met son bras autour de mon épaule et moi le mien autour de sa taille.

Je ne sais toujours pas comment ni pourquoi mais je me retrouve dans une limousine noire. Bill me tient serrée contre lui.

Et moi je me dis… Je me dis que je pourrais bien mourir ce soir.

Même si c’est complètement stupide, même si j’ai plein de choses qui m’attendent, j’me sens prête à partir. Maintenant que j’l’ai rencontré, lui, j’ai l’impression d’avoir atteint le but de ma vie. Même si ça aussi, ça sonne comme une expression exagérée des sentiments d’une fille amoureuse.

Je n’ai plus envie de rester terre à terre depuis qu’il est là.

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Waw.
Rien d'autre à dire, c'est magnifique.

J'aime tellement.
Même à la relecture, ça fait toujours accélérer les battements de mon coeur.
Encore ? <3

Il me demande où j’habite et lance l’adresse au chauffeur. Moi, je me sens petite et pas à ma place dans l’intérieur luxueux, sur ces dossiers en cuir noir et dans l’obscurité relative provoquée par les vitres teintées. Pourtant j’me dis toujours que c’est là mon futur et j’regarde Bill contempler les rues qui défilent alors que sa main s’est reposée sur mon épaule.

La voiture roule pendant un temps qui me paraît trop court et me raccompagne chez moi. Arrivée devant mon portail, je ne sais plus ce que dois faire. Il sort du véhicule et me tend la main pour m’aider à sortir.

Un instant de calme apparent s’installe, alors que mon esprit marche à toute vitesse. Je l’observe, interdite, alors qu’il garde une sorte de sourire discret au bord de ses lèvres. J’ai l’impression que le moindre coup de vent pourrait l’en décrocher sans mal.

Est-ce que je dois l’inviter à entrer, à boire un dernier verre qu’il ne toucherait jamais ? Ou bien lui souhaiter bonne nuit avec un air désinvolte, le regarder partir de ma vie dans sa belle limousine ? Est-ce qu’il ne me veut que pour ce soir, est-ce que je vais lui offrir ça ?
Est-ce qu’il veut plus et qu’il va me re-contacter ? Est-ce que là, il va me donner son numéro ?

Je le regarde complètement égarée dans mes interrogations, mes yeux dans leur brouillard. Il me fixe aussi et ne me dit rien. J’attends en silence, et comme d’habitude je me laisse guider avec surprise. Il me prend dans ses bras, respire contre mon oreille, me murmure quelques mots en allemand que je note même si je ne les comprends pas.

Il se recule un peu et pose ses lèvres sur les miennes, sans m’embrasser vraiment. Ce n’est pas qu’un effleurement, c’est un vrai toucher, mais sans approfondissement. Je ne bouge pas et savoure en regardant sans ciller les yeux de Bill se fermer.

Ce faux baiser… c’est une promesse.

Je le comprends, c’est un au revoir, pas un adieu. C’est une ode à nos prochaines retrouvailles, une chanson d’amour dont on entend le murmure dans la nuit et à laquelle on se raccroche.

Et il se recule, les paupières toujours closes, se retourne et monte dans la limousine sans un mot. La traîtresse démarre et s’éloigne de moi.

Je regarde l’engin emporter l’objet de mon amour, alors que mes lentilles se font la malle tellement j’assèche mes yeux à le fixer encore.

Puis je fais comme lui. Je ferme mes paupières sur mes deux noisettes sombres, et enferme mon amour dans mes yeux pour que le temps le laisse intact.

---

Magouille... <3

---

Schrei me réveille. De quoi me mettre de bonne humeur pour cette nouvelle journée. Avant que je n’me souvienne…

Schrei ! Je chante avec Bill, ou plutôt j’hurle avec lui. Oui, je peux être du matin dans certaines circonstances.

Et il me faut un moment pour comprendre que c’est mon portable qui m’appelle désespérément. Ou plutôt que c’est Philippe, un cher camarade qui doit venir prendre de mes nouvelles. Lui, c’est un type qui me fera toujours rire, je crois, même quand ça ira mal. Il sait rendre n’importe quelle situation, banale ou triste, amusante.

Pourtant, son humour est lourd parfois, parce que mine de rien il t’enfonce dans le mal qui te ronge. Je ne sais même pas combien de fois il s’est moqué de ma passion pour Tokio Hotel, et je riais d’un côté en pleurant de l’autre.

Est-ce qu’on peut rire de tout ? Je ne sais pas, mais je pense qu’il faut faire attention au moment où l’ont sait qu’on risque de blesser l’autre. Philippe a du mal avec ça, et pourtant je l’aime quand même.

« Chlore, il m’a donné ce surnom, je trouve ça laid mais je supporte, suite à ta fuite inopinée le jour même d’un évènement pourtant convivial et amicalement souhaitable, nous nous demandions, vois-tu, avec la cavalerie studieuse composée de tes chers et aimés camarades et moi, si…
- Oui, oui Philippe, je glisse entre deux éclats de rire. Ça va, c’est bon. Je suis désolée.
- Encore heureux, chère consœur, encore heureux. Comme de bien entendu, tu souhaites sûrement tout faire pour te faire pardonner. Et je peux t’y aider ! En effet, aujourd’hui même, il suffit que tu viennes à la Gare de Vaise et que tu y rejoignes toute notre équipe de joyeux drilles.
- Je…
- Ooouuuiii ?
- D’accord, j’abandonne avec un soupir.
- Alors à quinze heures devant la boulangerie ! »

J’aurais aimé avoir du temps pour me remettre de mes émotions mais je sens que c’est peine perdue. Et puis ils m’aideront peut-être à penser un peu à autre chose.

… Evidemment, il est déjà treize heures. Je n’suis pas dans la mouise moi, pas du tout…

Je me prépare aussi vite que je le peux, afin de n’pas les faire attendre.

Quand je suis prête je sors de la maison à toute allure, ferme ma porte et cours jusqu’à mon portail. Une fois dehors j’ai la vision d’une belle limousine se tenant devant moi, à l’endroit où elle était hier soir. Je secoue la tête et avance d’un pas décidé.

C’était un au revoir, pas un adieu. Je n’ai pas besoin de me morfondre.

Juste d’espérer.

C’est ce que j’ai toujours fait, alors un peu plus un peu moins… ?

…

« Laure ! »

Je souris. Marthe, Milène, Philippe, Arnaud et Mona… Toute l’équipe est là. Je leur fais la bise à chacun, m’excuse de mon léger retard de vingt minutes et qui me vaut un coup sur la tête de la part du grand Arnaud.

Quand je leur dis que j’venais d’me lever, ils me demandent tous pourquoi j’me suis couchée si tard.

Et là j’hésite.

Je leur fais confiance mais… je n’veux pas qu’ils en rient. Et même, ils pourraient même ne pas me croire, et dans le fond ce ne serait pas étonnant. Croire en un rêve embrassé ? Les rêves sont là pour te donner envie d’avancer, mais la résignation est un truc inscrit dans l’esprit des gens je crois.

Non… Je vais garder tout ça dans mes yeux, et rire de bon cœur avec eux pour des choses futiles, en me vidant l’esprit. J’vais faire comme le gruyère et me cribler de trous d’amour, en espérant qu’aucun d’entre eux ne morde dedans.

J’vais continuer comme avant, à marcher bêtement sur le chemin de la vie.

Seulement maintenant, j’ai un trésor au fond de mes pupilles.

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Rah c'est beau...