Merci les filles =)
Chapitre II.
1.
Lorsque Maylee rouvrit les yeux, le soleil commençait à venir titiller les nuages et la pluie s’était tarie. Maylee avait dormit sous un porche, à l’abri, bien emmitouflée dans sa parka. Elle s’était endormie avec des étoiles imaginaires et resplendissantes devant les yeux, et avec l’image de Mikaël bien ancrée dans son esprit. Aujourd’hui, elle avait décidé qu’elle tenterait de le retrouver. Mais avant tout, il lui fallait un travail. Quelque chose qui lui permette de dormir ailleurs que dehors, ce soir. Elle se leva et se remit à marcher, résolument. Seulement, cette fois ci elle ouvrait bien grands les yeux. Après tout, Mikaël ne serait pas là pour la sauver, cette fois, si elle se perdait dans ses propres illusions.
« Mettre le désespoir au placard est la meilleure chose à faire si l’on veut réussir, c’est ce que me disait Matt’ ! » Confia t-elle aux oiseaux.
Matt’, c’était son grand frère. Son défunt grand frère, le seul à avoir veillé sur elle, le seul en qui elle avait eu raison d’avoir confiance. Mais les souvenirs entraveraient sa bonne humeur, c’est pourquoi elle les chassa également.
C’était son jour de chance. Tandis qu’elle baissait la tête pour surveiller les méandres du trottoir, elle culbuta sans le faire exprès dans un grand jeune homme aux cheveux roux. A vu de nez, il devait avoir dix neuf ans, ou peut être un peu moins. Elle n’aurait su le dire. Le jeune homme portait une chemise qui, lorsqu’il la fit tomber à cause du choc, laissa s’échapper des dizaines de feuillets.
« Oh, excusez moi ! Balbutia Maylee. Je suis vraiment désolée, je vais vous aider à tout ramasser…
- Ce n’est rien. Tu ne t’es pas fais mal ?
- Non, pardonnez moi… »
Le jeune homme lui sourit et se baissa pour ramasser les feuilles. Maylee se dépêcha d’en faire autant, confuse. Pourtant elle avait tord de s’inquiéter, car il paraissait sympathique. Lorsqu’elle lui remit ce qu’elle avait ramassé, elle remarqua que les feuilles contenaient des annonces.
Rechercher aide bibliothécaire, disaient elles.
« Vous recherchez une employée ?
- Et bien oui, en effet. Je tiens la bibliothèque de mon oncle depuis quelques temps et j’aurais besoin de quelqu’un pour m’aider à faire l’inventaire… »
Il rit avant d’ajouter :
« Cela vous intéresse t-il ?
- … oui. Je recherche justement du travail.
- Vous me paraissez bien jeune pour travailler…
- C’est juste pour avoir un peu d’argent de poche de côté, ça peut toujours servir… et je ne suis pas aussi jeune qu’il n’y paraît. »
Il rit à nouveau et lui tendit la main :
« Johan.
- Maylee.
- Vous êtes engagée, Maylee. »
Le visage de cette dernière s’éclaira d’un grand sourire.
« Merci.
- Mais de rien. »
Oui, c’était sans aucun doute son jour de chance. Peut être que cette vie allait lui sourire, finalement…
2
« Quand pourrais-je commencer le travail ? »
Maylee se tenait à l’entrée de la réserver de la vieille bibliothèque communale. Johan l’y avait amenée, cédant à son insistance.
« Et bien, quand vous le pourrez…
- Tout de suite, cela vous va ?
- Très bien très bien… »
Une lueur d’amusement brillait dans les yeux de Johan.
« Vous me semblez pleine de rigueur, Maylee…
- Appelez moi May’.
- D’accord. »
Durant un instant, Maylee eut la fugitive pensée que Johan avait deviné sa situation.
« Et bien et alors ? Pensa t-elle. Qu’il pense ce qu’il veut, je m’en fiche. Tout ce dont j’ai besoin, moi, c’est d’un peu d’argent. Le reste est secondaire… »
Maylee se mit donc au travail. Sa tâche, qui n’était pas bien dure, consistait à triller des montagnes de livres, de les étiqueter et de les répertorier soigneusement pour ensuite les classer sur de vieilles étagères reluisantes. Maylee s’activait avec beaucoup de bonne volonté. Johan paraissait ravi. La journée défila avec la rapidité habituelle qu’ont les journées de travail acharné auquel on prend du plaisir : rapidement. Car oui, Maylee aimait beaucoup les livres. Elle n’avait jamais eu le droit d’en posséder beaucoup, jusqu’à maintenant, c’est pourquoi ce travail était enchanteur pour elle. Lorsque vint le moment de partir, un événement imprévu se produisit.
La clochette, au dessus de la porte d’entrée, tenta. Maylee n’était pas curieuse de nature, aussi ne serait elle pas aller voir si elle n’avait su que Johan, qui était sorti acheter du thé, n’était pas là pour accueillir le client potentiel. Lorsqu’elle sortit de la réserve, elle se figea.
« Mikaël… »
Mikaël se tenait dans l’encadrement de la porte, les mains dans les poches, attendant patiemment. En entendant son nom, il tourna la tête et la vit. Il l’observa un moment, puis un sourire éclaira son visage.
« Tu es Maylee ? »
Elle sourit à son tour.
« Oui. »
Au moins ne l’avait il pas oublié.
« Que fais-tu ici ? demanda t-il.
- Et bien… je travailla ici, répondit elle, surprise par la question.
- Ha… tu es nouvelle alors. Je ne t’avais jamais vu ici.
- Tu viens souvent ? »
Le regard de Mikaël se fit plus inquisiteur. Il la dévisagea un long moment, puis dit enfin :
« Oui. »
Tout simplement.
Maylee s’apprêtait à le questionner, lorsque la porte d’entrée s’ouvrit à nouveau, sur Johan cette fois. Son visage s’éclaira en voyant Mikaël.
« Mike !
- Jo. »
Johan s’avança vers lui et lui serra la main. Puis il se tourna vers Maylee et lui assura d’un sourire :
« Vous pouvez partir maintenant, Maylee. Voulez vous être payée tout de suite ?
- Oui, s’il vous plait.
- Très bien. Mais vous reviendrez demain, hein ?
- Bien sur. »
Il alla chercher son porte monnaie. Maylee remarqua que Mikaël regardait Johan d’un drôle d’air. Ce dernier s’en aperçu et lui sourit.
« Etrange » pensa Maylee.
Johan lui tendit son argent.
« Merci.
- Au revoir May’.
- Au revoir Jo… »
Elle sortit. Mais Maylee était curieuse, finalement. Elle s’assura que personne ne la regardait, puis elle gagna l’arrière de la boutique. Sans faire de bruit, elle rentra par la porte de derrière, celle qui donnait sur la réserve et alla coller son oreille à la porte qui donnait à la bibliothèque elle-même.
Les voix qui lui parvenaient été nettes et reconnaissables. Parfait.
« … et non.
- Ok. »
C’était Mikaël qui avait répondu « Ok » et se fut lui également qui repris la parole :
« Jo…
- Hum ?
- Tu n’as pas mis au courant May’, n’est-ce pas ?
- Non.
- … tu sais, cela peut être dangereux pour elle de travailler ici sans savoir à qui elle a affaire.
- Tu t’inquiètes pour elle ? La connais tu ?
- Et bien… disons que je l’ai déjà croisé.
- Hum. Rassure toi, je ne la garderais pas longtemps ici. J’aime bien dépanner les jeunes demoiselles en détresse, vois tu… »
« Mince, grillée… » Songea t-elle.
« … et qui plus est, cette jeune personne est toute à fait charmante.
- C’est tout toi ça Jo. »
Le rire de ce dernier parvint aux oreilles de Maylee.
« Bon. Pourquoi es-tu passé ce soir, Mike ?
- J’ai besoin de savoir la date de la prochaine réunion.
- Demain, à 17 h. Je fermerais donc plus tôt.
- Ok.
- On y va ensemble si tu veux…
- Non merci. Je préfère y aller seul, et à pied. J’aime la marche.
- Très bien. Nous allons traiter d’une opération très importante, demain.
- Oh.
- Et dangereux également.
- Tu m’en diras tant.
- Fait bien attention à toi. A demain.
- Ok à plus. »
La clochette tinta à nouveau. Sans demander son reste, Maylee se hâta de sortir. Elle avait mis le doigt sur quelque chose, elle le savait. Et elle allait tout faire pour savoir quoi…