Ne m'en voulait pas, mais je préfère le mettre en Os, comme je l'avais fait au départ.
Sourire
Tout commence par un rêve. Celui d'une liberté, une liberté qu'on s'amuse à nous voler, à nous voiler. Celle qui serait presque qu'une caresse d'un Vent aux saveurs de printemps, la même qui conduit toute la Vie d'une adolescente aux cheveux rouge Soleil et au regard bleu océan, Sophie.
« Mais bouge toi bordel, reste pas là sans rien, sans vie, sans toi, reste pas là avec tes putains d'aiguilles qui m'donnent la nausée...J'te parle Bastien...je t'en prie... »
Toujours le même air désolé, toujours ce même courage qui la laisse et l'abandonne à mi-chemin, en croisant son regard qui ne veut plus rien dire, qui n'essaye même plus de chuchoter quoique ce soit.
Elle l'aime Sophie. J'aurais aimé vous faire ressentir tous les sentiments qui la traversent en la faisant tanguer quand elle le voit, seulement voilà, une phrase lui a suffit et nous suffira. Elle l'aime.
C'était l'époque, un temps qui ne reviendra plus, les minutes qu'on regrette, les saisons qu'on implore. Il était beau, sans le rouge autour de ses pupilles marrons noisette, il brillait avec son sourire piqué à la lune, il était fort, et quand il l'a prenait dans ses bras, c'était un monde qui se perdait, c'était sa peau qui en redemandait, c'était des frisson par milliers.
Rien que des bras.
Et les vagues de la Vie ont déposé là, dans les bras de la mort, une personne qui aurait du nager et se battre contre le courant, la mère de Bastien. Celle qui souriait quand elle voyait Sophie et son grand garçon arriver main dans la main et le coeur noué dans les yeux, celle qui préparait des gâteaux au chocolat, goût amour.
Un jour, un de ses médecins à la parfaite blouse blanche, s'est senti obliger de prononcer un de ces mots, qu'on entends d'une oreille, qu'on ne veut pas croire, qu'on pense impossible à mettre sur un nom qu'on ne veut cesser de prononcer.
Maman.
Quand, il avait perdu la notion du temps depuis ce jour, alors que sa mère les comptait jusqu'à les supplier de s'élargir en infinie.
Serre, il l'a serrer à l'en étouffer quand elle retenait ses larmes devant un visage sans expression, il lui a serré la main pour ne plus la lâcher, quand elle dormait, allongée, sans bouger, l'infinie tant implorée à un battement de coeur. Sourd.
Quand la vie serre le cou du Destin et finit par le briser.
Cancer.
C'était après avoir regarder le vide en face, après avoir exploser la fauche de la mort, après avoir traverser la rive interdite, que Bastien s'était mis à rêver de son monde. Piqûres au bras gauche, veine principale, devenue bleue Océan.
Yeux de Sophie.
Un poison pour Sophie, elle voyait Bastien lui filer entre les doigts, elle le voyait la tête dans les mains et le sourire qui faisait rougir les étoiles d'une Nuit de Juillet, disparu.
Lui, se délectait de ce liquide qui coulait dans ses veines tel un nouveau sang, ce par quoi il vivait.
Deux oiseaux libres aux ailes éphémères, Sophie voulait redécouvrir le monde qu'ils avait crée à l'abri des regards, et le parcourir sans jamais s'en lasser. Bastien n'en voulait plus de cette fichue liberté, de cette foutue réalité, le tout dans ce putain de monde. Il préférait sentir son corps se décontracter de soulagement en sentant l'aiguille dans sa peau. Et laisser son esprit divaguer, tourner, vivre plus que cela ne devrait être permis, dans son monde, en oubliant.
La liberté de choisir son monde
Aujourd'hui, elle a décidé de ne plus tourné la tête devant ses yeux rouges et ses mains crispées d'un manque à remplir dans l'urgence. Elle a décidé de lui foutre une gifle monumentale pour qu'il se réveille enfin, de lui prendre son mal et de partir sans un mot.
Le soleil s'est réveillé tard, comme pour retarder l'heure qu'elle attends. Elle est resté debout, collée au mur, les yeux fixant le trait de lumière qui venait d'apparaître à travers son velux au quart ouvert. La poussière volait.
Poussières de lumière.
-Bonjour.
-...
-Je viens ouvrir les volets, te foutre une gifle, prendre tes aiguilles, les casser et t'embrasser.
-...
Elle a ouvert les volets, il a fermé les yeux. Elle s'est approché, lui a levé le menton de sa main tremblante, l'a embrassé pour toutes ces heures perdues, pour tous ces jours d'hésitation, pour son amour qui n'a fait que grandir depuis la première seconde.
-Pardon...
Dans un chuchotement, elle s'est reculée, et à fait claquer sa main sur sa joue blanche et creusée par le noir. Il a souris, sourire de drogué, épouvantable, incompréhensible, triste, morne et sec. Son regard s'est posé sur celui de Sophie, elle a tressailli et a cru crever durant une demi seconde avant de se reprendre. Les larmes qui perlaient au coin de ses yeux narguaient les cernes violettes de Bastien. Il survivait dans la mort, dans l'oubli et le souvenir intarissable d'une disparition. Toute son existence était écrite dans les pores de sa peau. Et son balancement donnait le rythme de la lecture.
Elle s'est retournée et a scruté la pièce à la recherche de l'objet dont la brillance trompait ses intentions.
-Ne fais pas ça.
-Pourquoi?
-Ne fais pas ça.
Son sourire s'était évaporé et Sophie ne voyait que ses yeux remplir toute la surface de son visage. Il était presque menaçant. Si elle ne l'avait pas connu, elle aurait eu peur pour la suite.
Elle avait a présent l'enfer entre ses mains, et la rage commençait à se faire sentir. Des images venaient se refléter dans le verre des aiguilles, Bastien assis, Bastien pleurant, Bastien mort et vivant, Bastien hurlant, Bastien et son silence.
Bastien se fondant au blanc des draps d'un lit. Avenir.
Elle tremblait de toute part, et n'arrivait plus à pleurer, l'air tourbillonnait dans ses yeux.
Elle a refermer sa paume, a levé haut sa main et s'apprêtait à tout relâché.
-Elles ou Moi.
-...
-Elles ou Moi !
Elle ne se rendait plus réellement compte que Bastien ne pouvait plus réfléchir, elle espérée le faire revenir. Bastien avait changé d'expression, il avait déplié ses genoux et avait froncé les sourcils, la main plongé dans sa poche cherchait attentivement la Fin.
Il s'arrêta, il avait trouvé.
-Moi.
Il a sorti l'aiguille de secours. Et dans un silence partagé, il l'a enfoncé sans une grimace dans son sein gauche et a vidé son contenu en regardant les pupilles pailletées de jaune de Sophie.
Le Soleil et l'Océan.
Un cri s'est propagé dans le matin gris.