Luka

J’avais erré, encore une fois. A croire que les rues de Hambourg étaient dev’nues mon nouveau refuge quand mes repères vacillaient.
Après avoir réfléchi toute la matinée, avoir observé les gens et écouté quelques saltimbanques aux airs épanouis, j’m’étais décidée à rentrer chez mon tuteur. En prenant l’ascenseur. Si j’avais pris les escaliers, j’aurais fait d’mi tour avant d’arriver à l’appart’. Devant la porte, j’inspirai un bon coup et tournai ma clé dans la serrure. La cuisine et l’salon étaient déserts.
- Y a quelqu’un… ?, lançai-je en fermant la porte.
Mais tout était silencieux. Un mot avait été laissé sur le bar. L’écriture de Niklaus. En allemand, donc pas adressé à la d’moiselle colérique. Même si mon prénom y apparaissait. J’soupirai en m’laissant tomber dans l’canapé. J’avais décidément le don de m’foutre dans la merde, en blessant ceux à qui j’tenais par la même occase. J’étais désespérante.
Bill allait partir avec les trois autres imbéciles, j’délaissais ma pauvre So’, autour de laquelle un bel autochtone tournait, mes relations avec Josh, mieux valait n’pas en parler et il fallait que j’m’engueule avec Niklaus par-dessus l’marché. Il était beau, mon tableau.
J’soupirai à nouveau. Mon r’gard tomba alors sur un synthé. Installé près de la chaîne, je n’l’avais même pas r’marqué. J’savais que ‘Rica pianotait. Ayant r’pris le boulot, elle avait du s’faire un p’tit cadeau de maternité. J’restais à le fixer depuis l’canapé pendant dix bonnes minutes. Puis j’me l’vai et vins m’placer d’vant. J’pressai une touche, mais aucun son n’sortit. Forcément, il était éteint…
J’hésitai un instant, mais finis par le mettre en marche. J’avais pas d’envie particulière, ni de morceau en tête et pourtant, mes doigts coururent sur le noir et le blanc sans que j’y réfléchisse.
J’perdis la notion du temps et de l’espace. J’n’étais même plus consciente de mon propre corps, juste de mes doigts. Il y avait tellement longtemps… Si longtemps que j’n’avais pas joué. Et c’est à c’moment là uniqu’ment que j’me rendis compte que ça m’avait réellement manqué. Non, j’n’étais pas guérie, toujours accro’ à la musique.
J’souris. Encore. Et encore.
Le morceau se termina. Qu’est-ce que c’était ? Aucune idée. J’suis incapable de m’rappeler c’que j’ai joué, c’jour là. Incapable, puisque la musique de ce simple synthé m’était entrée droit dans l’cœur.
Et que là, maint’nant, alors que le vent froid fait voler mes mèches rouge sang devant mes yeux, je n’peux plus voir c’qu’il y a à l’intérieur.
Je n’arrive plus à voir ce qui, du fond d’mon cœur, m’poussait à sourire, à rire et à aimer.

C'est beau.
Epoustouflant.
J'ai l'impression de sentir une brise fraîche venir me caresser le coeur...
Merci, ma Rob' !
On dirait que ton talent augmente de jour en jour...
<3

- On dirait que tu n’as pas perdu la main.
Je m’retournai. Niklaus posa sa mallette sur le bar.
- Tu te sous-estimais quand tu disais que tu savais à peine bien jouer…
Je n’répondis toujours pas, incapable d’émettre un son. L’allemand soupira et desserra sa cravate. Il était super bien sapé. Son entretien avait du être avancé à c’matin.
- Il te plaît ?, demanda-t-il.
- Quoi ?
- Le clavier.
- Pourquoi ?
- C’est ton cadeau d’anniversaire.
J’accusai l’coup. Nik’ eût un léger sourire.
- Me dis pas que t’avais oublié l’jour de ta propre naissance… ?
- Si. Je… n’ai pas beaucoup d’mémoire pour ça.
En vérité, c’était depuis la mort de mon frère que j’me fichais d’ça. De toutes façons, à part So’, personne ne m’le souhaitait.
- Comment t’as su que c’était aujourd’hui ?
- C’est dans ton dossier.
Il y eût un long silence, pendant l’quel je m’plongeai dans la contemplation de la bague à mon index.
- Bon anniversaire, Luka.
- Merci… Nik’…
J’trouvai enfin l’courage de l’regarder en face.
- J’m’excuse, pour tout à l’heure.
- Non, c’est moi. J’aurais pas du m’énerver.
Il soupira une nouvelle fois et s’appuya contre l’bar.
- Mais ça m’chatouille, c’t’idée. Sois franche, Luka, qu’est-ce que ça t’apporteras de plus d’habiter avec lui ? On t’laisse découcher quand tu veux et il peut v’nir quand tu veux aussi. On t’empêche jamais d’aller chez eux. Alors dis-moi, hein ?
J’soupirai.
- J’ai eu… quelques problèmes avec Bill, depuis quelques temps…
- A cause de Josh ?
- Entre autres.
J’compris pas vraiment comment il avait fait le lien.
- Et à cause de moi, aussi. J’pensais régler certaines choses en allant là-bas.
- Tu tiens vraiment à lui ?
- Tu crois que j’s’rais v’nue vivre en Allemagne si c’était pas l’cas ?
- Sincèrement ? Je crois qu’n’importe quelle excuse valable t’aurais fait quitter la France et surtout fuir tes parents.
J’en restai bouche bée.
- Non, c’est pour lui que…
- Et si ç’avait été l’Angleterre, à la place, tu n’s’rais pas partie, peut-être ?
- Je…
- Dernière question : pourquoi ne parviens-tu pas à pardonner à Josh de t’avoir embrassée alors qu’il t’a donné depuis longtemps bien assez de preuves qu’il s’en veut ?
- Comment…
- Sous ses airs bougons, c’est encore qu’un gamin qui a b’soin d’un grand frère.
J’soupirai.
- Et toi, tu t’poses beaucoup d’questions, Luka. Mais pas les bonnes.
- Tu t’prends pour un donneur de l’çons… ?
Il ne releva pas.
- Joshua sera au dîner, ce soir.
- C’est suicidaire, Niklaus.
- On fête ton anniversaire. Tout l’monde sera là. C’est censé être une surprise.
J’souris.
- Va falloir que j’fasse semblant alors…
- Ça s’rait mieux, oui.
- Si Bill et Josh se mettent sur la gueule, je n’veux pas être tenue pour responsable.
- J’en assumerais les conséquences.
Je m’tus et m’laissai l’temps d’réaliser. Un dîner d’anniversaire. A quand ça r’montait la dernière fois… ?
J’m’approchai de Niklaus et, un peu hésitante, me serra contre lui. Mon tuteur, pas hésitant pour un sou, m’prit dans ses bras et appuya sa tête sur la mienne en soupirant.
- Il est parfait, ce clavier, chuchotai-je.
J’le sentis sourire. J’étais bien, là, dans sa chaleur.
Mais les questions qu’il m’avait lancées ne cessaient de tourner dans ma tête. Je ne m’les étais jamais posées. Et j’avais pas les réponses.
C’était ça, qui m’effrayait le plus.

Luka.
Juste luka.
<3

^^
T'aime, toi.

J'espère que tout ne va pas s'effondrer autour de Luka.
Pas alors que ça commence enfin à se stabiliser.
Une suite, ma Rob', c'est toujours aussi merveilleux =)

C'est juste parfait =)
La mélodie dans tes mots et Luka. <3

Fufu... Z'êtes bêtes...
Mais j'vous aime comme ça ^^

Mdr'
C'est toi qui est trop intelligente =P

- Luka !
Je m’retournai pour n’voir que deux garçons s’éloigner en riant. Mauvaise pioche. Même en Allemagne, mon prénom est utilisé… chez les garçons.
Je fourrai les mains dans mes poches et poursuivis ma route. Hambourg était une belle ville, mais j’n’avais encore jamais eu l’idée d’aller sur le port. Le milieu maritime n’était pas vraiment ma passion. Je m’intéressais plus au ciel et à ses étoiles inaccessibles. Je sais qu’les toits de Londres sont faciles d’accès et agréables à parcourir. En y pensant, j’aurais aimé aller voir ma ville natale, ces lieux dans lesquels mon frère souriait sur les photos. Le fait est que j’ai pas eu l’choix et que c’est pour venir ici qu’j’ai fait des concessions. Alors quoi ? Tout c’que j’ai ressenti ces cinq derniers mois n’était que pure invention d’mon subconscient pour échapper à mon existence merdique ? J’pouvais pas croire à ça. Mais, même si j’avais pas connu Bill, est-ce que j’s’rais v’nue quand même ? Il avait changé ma vie bien avant qu’j’envisage sérieus’ment de quitter Paris. J’suis sincér’ment amoureuse de lui. Je l’sais. Mais à cause de Nik’, j’suis plus sûre de l’aimer pour lui ou juste parce qu’il m’offre une porte de sortie sur une vie meilleure. Et si c’était ça, et qu’ma colère envers Josh cachait mes réels sentiments pour l’anglais… ? Est-ce que j’aimais Joshua et ses yeux bleus… ? C’était ça, c’te foutue question que j’m’étais forcée à refouler. Maint’nant, elle me pétait à la gueule comme un mauvais diable qui surgit d’sa boîte. Je n’pouvais plus nier que j’étais plus attirée par lui que c’que j’pensais. Ou voulais penser.
J’soupirai.
Tu l’savais d’puis l’début, p’tite frappe. Les mecs, ça apporte que des emmerdes. Attach’ment, jalousie et toutes leurs conséquences, j’aurais pu éviter si j’étais restée bien sagement dans ma bulle. Mais j’me rendais bien compte que j’avais b’soin de Bill. Rien qu’l’idée d’être séparée d’lui pendant deux s’maines me f’sait mal au cœur.
Vous connaissez l’paradoxe… ? Mon cœur était en plein d’dans.
Et il l’est toujours.
Rester avec eux, j’en ai envie. M’en aller seule, j’en ai b’soin.
Bienv’nue dans la tête à Luka : pleine d’embrouilles, vide de sens et prête à exploser.
17 ans qu’elle se supporte et 5 que ça marche plus.

Ca m'manquait, mais genre vraiment trop tu vois.
Et bam, tu nous balances des sentiments à la gueule, comme une énorme claque, et gott, que ça fait du bien.
Je t'aime.

Wow. Nouvelle lectrice. Et completement sous le charme de tes mots.

Bienvenue, Miss.
Merci beaucoup.

J'adore. J'adhère.Encore.

Coucou ma Rob'.
Désolée du retard, mais je suis partie en vacances pendant deux semaines.
Voir les TH, en concert.
T'sais quoi ? Maintenant que je les ai vu en vrai, ta fic' j'la trouve encore plus plausible, encore plus belle, encore plus env'loppée d'merveilles étoilées.
Dis, tu nous mets une suite ? =)

AH, ma 'tite Bim', cette histoire perdrait de la valeur si tu ne la lisais plus...
<3

Suite pourave, mais suite quand même, hein ?


- T’es nerveux ?
Bill se tourna vers moi et eût un sourire en coin.
- Un peu.
Je pris sa main en souriant à mon tour.
- C’est bon, t’en fais pas, ils vont pas te manger. En plus, ta boîte de chocolats va mettre ‘Rica à tes pieds, tu vas voir.
Son sourire s’agrandit et les portes de l’ascenseur s’ouvrirent. On s’avançait jusqu’à la porte de l’appart’ et je sonnais. Inutile étant donné que j’avais ma clef sur moi, mais il fallait bien que je leur laisse le temps de préparer leur surprise. Au bout de quelques secondes, la porte s’ouvrit… sur Josh. La pression de la main de Bill sur la mienne s’accentua. L’anglais se racla la gorge.
- Bonsoir, dit-il en allemand.
Mon chanteur le défia un instant du regard, puis la mâchoire crispée, lâcha ma main pour la lui tendre.
- Bonsoir.
Joshua était aussi tendu que lui lorsqu’ils échangèrent une poignée de main. Puis il dégagea l’entrée et on pénétrait dans l’appartement. Il y eût trois pétard et…
- Joyeux anniversaire, Luka !
J’souris. Toute ma famille adoptive était réunie. La boule que j’avais au creux du ventre n’avait rien à voir avec une douleur ou une peur sourde. Bienvenue bonheur. Ça f’sait longtemps qu’on s’était pas vus. Les visages rieurs de ma joyeuse bande de tarés irradiaient les bonnes ondes. J'finissais de recevoir mon lot de bises porte-bonheur lorsqu'un cri de joie couvrit les éclats de rire.
- Des chocolats !
‘Rica se précipita sur Bill qui éclata de rire en lui tendant la boîte.
- Ils sont pour vous. Il paraît que c’était la condition pour que je vienne ici.
Elle la saisit et dit en lui faisant un clin d’œil :
- Toi et moi, je sens qu’on va bien s’entendre ! Federica, si tu ne le savais pas déjà.
Elle lui fit la bise et présenta le reste des personnes présentes. Accoudée au bar, je regardais tout ce beau monde avec un sourire.
C’était bon d’être chez soi.

Han oui, ça fait du bien, quand t'es de retour =]

J'aurais préféré un retour plus mieux, mais tant pis. Ca s'ra pour le prochain, de retour ^^

Je m’appuyai contre le bar, entre la cuisine et le salon. L’appartement résonnait de rires, à un tel point qu’même moi, j’en avais mal au ventre. So’ me rejoignit et s’accouda à côté d’moi. Petite pause dans la franche débandade de la fête car une p’tite princesse pleurait à l’étage.
- Ah la, la, soupira ma guitariste, C’est tous des fous. Il s’intègre bien, Bill, t’as vu ça ?
J’acquiesçai avec un sourire. Mon chanteur, pas mal-à-l’aise du tout, enchaînait les conneries avec un Niklaus mort de rire. Ce dernier se précipita sur Federica, qui descendait l’escalier avec Ange. Il la prit dans ses bras et se tourna vers Bill.
- Voici la petite sœur de Luka !
Mon ange haussa un sourcil et me r’garda avec un sourire.
- On m’aurait caché des choses… ?
- Laisse, répondis-je, Papa Niklaus tient pas l’alcool.
- Laisse, lui lança mon tuteur, Luka, elle est bête.
- Je ne te permets pas !, protestai-je alors que Bill éclatai de rire.
- Oh, c’est qui l’autorité ici ?
Je lui tirai la langue.
- Tu veux la prendre ?, proposa-t-il à Bill.
Le sourire de mon chanteur s’effaça bien vite.
- Em… J’suis pas sûr que…
- Allez, prends-la ! J’veux pouvoir lui dire qu’une star l’a tenue dans ses bras quand elle s’ra plus grande.
La star en question me lança un regard hésitant.
- … J’imagine que j’ai pas le droit de refuser… ?
Je hochai la tête en signe de négation, un sourire amusé aux lèvres. Sur un dernier encouragement de Niklaus, la petite se retrouva dans ses bras. Un peu crispé, il la cala maladroitement contre lui et se tendit quelques instants, comme s’il avait peur qu’elle éclate en pleurs. Aucunement, notre princesse souriait toujours. Sourire qui se recolla bien vite sur les lèvres de Bill qui murmura quelque chose en allemand. Deux anges réunis. Si c’était pas un beau tableau…
So’ se pencha vers moi :
- Ôte-moi bien vite ce sourire attendri de ton visage, ‘y en a un qui crève de jalousie, là-bas…
Je suivai son regard et mon sourire s’effaça d’lui-même : Josh, installé dans le fauteuil le plus éloigné de Bill, détourna les yeux au moment où j’les rencontrais. J’soupirai. Avec son art de foutre la merde, celui-là.
Ange retrouva les bras de sa maman et Yu-chan, à point nommé, apparut avec un énorme gâteau dans les bras. J’perdis mon souffle alors que ma bande de tarés se mit à chanter l’horrible et traditionnelle chanson, chacun dans sa langue, ce qui ne donna qu’une joyeuse cacophonie. Lorsque le gâteau fut déposé sur la table du salon et qu’ils se turent enfin, je dénouai ma gorge pour marmonner :
- Heureus’ment qu’vous êtes pas chanteurs…
- Sympa pour Bill et moi…, ironisa ‘Rica.
- S’cuse, j’disais pas ça pour toi.
- Et moi, alors ?, fit mon chanteur, l’air indigné.
- Tu crois vraiment que c’est ta voix qui fait le succès du groupe… ?
Il fronça les sourcils et me lança un regard noir.
- Tu vas voir, petite peste…
Il voulut se lever, mais Yu-chan, les deux mains sur ses épaules le rassit de force.
- Tu te vengeras plus tard, les bougies d’abord !
J’souris et me penchai sur le gâteau.
- ‘Fais un vœu, pouffa So’.
J’levai les yeux vers Josh avant de souffler un grand coup. Souhaiter qu’il envoie chier Gabriela et que ça s’améliore entre nous était pas vraiment c’qui aurait du m’v’nir à l’esprit. Tant pis.
Une bougie resta allumée.
- Ouuuuuuh, fit Nik’, J’espère qu’ton vœu était pas très important.
- J’en ai pas fait.
J’soufflai la dernière bougie et ils applaudirent. Alors que Nik’ se chargeait de couper le gâteau, mon regard rencontra celui de Josh. Il semblait triste et agacé à la fois. Il me fixa deux instants et détourna encore une fois les yeux.
J’étais pas vraiment superstitieuse.
Mais j’aurais préféré que toutes les bougies soient soufflées. J’voulais vraiment m’réconcilier avec Joshua. Parce que ses traits se tiraient et que j’aimais pas ça.

Chouette suite =]
L'univers de Luka... celui là, j'avais vraiment hâte de le retrouver.
Je suis pas déçue. Super suite, comme toujours =")
Vivement la prochaine ^_____^

Niou de niou.
J'perds mes mots chaque fois qu'j'rencontre les tiens...
Luka est décidément le plus beau prénom d'la création.

J’étais montée dans ma chambre pour ranger les cadeaux qu’mes tarés m’avaient offerts et chercher une veste. J’venais d’empoigner le vêtement quand la porte pivota et s’ouvrit sur Josh, qui s’glissa dans la pièce et verrouilla derrière lui.
- Mais qu’est-ce que tu…
- Si j’fais pas ça, on pourra pas parler.
J’lâchai ma veste et lui lançai un r’gard noir.
- Si tu veux parler, ça s’ra un monologue.
- J’te rappelle que c’est toi qui as cherché la merde la dernière fois.
- J’ai rien fait d’autre que d’vouloir rétablir la vérité.
Il fit un pas vers moi.
- J’m’en fous d’la vérité.
Et avant qu’j’ai pu réagir, il m’rejoignit, m’attira à lui et m’embrassa. Bloquée par ses bras, j’pouvais pas m’débattre. Et d’ailleurs , à mon grand étonnement, mes forces me quittaient, histoire que j’puisse encore moins lutter. Alors j’finis par abandonner, fermer les yeux et laisser tomber mes barrières mentales pour profiter du moment. J’passais mes bras autour du cou de Josh dont les mains disparurent sous mon T-shirt. On continuait à s’embrasser et sa ch’mise rejoignit le sol. On continuait à s’embrasser, nos doigts s’entrelaçant et la chair de poule le long de mon échine. On continuait à s’embrasser et on s’laissait tomber sur mon lit. Mon T-shirt alla t’nir compagnie à sa ch’mise et mon jean se déboutonna. Les lèvres de Josh descendirent dans mon cou, sur ma poitrine, mon ventre… Je mordis ma lèvre inférieure et ouvris les yeux.
La chambre autour de moi était plongée dans le noir. Le souffle court, un nœud quelque part dans les tripes, je m’tournai vers celui qui était étendu près d’moi, les bras autour de ma taille.
Bill. Profondément endormi. J’repris à peine mon calme et sans même réfléchir, je l’secouai. Il ouvrit difficil’ment les yeux.
- Luka… ? Qu’est-ce que… ?
Je n’lui laissai pas le temps d’finir et l’embrassai en m’collant à lui. Le temps d’réaliser, il répondit, puis me serra tout contre lui.
C’était l’seul moyen d’oublier. Pourquoi j’avais rêvé de Josh dans c’genre de situation ? Aucune idée. Mais j’aurais pas du. Encore avec cette sensation plus que plaisante. Et pour oublier ça, j’devais m’perdre dans les bras de Bill. Parce que c’est lui qu’j’aimais. Malgré toutes les pensées ambiguës qu’j’avais envers Josh. Et comme les mains d’mon chanteur sur ma peau occultaient tout l’reste, ça m’empêchait de réfléchir. Et surtout, j’me donnais la preuve que c’que j’ressentais pour Bill était bien plus fort.
Même à c’moment, je n’avais pas cessé de croire qu’on s’rait plus forts que tout, ensemble. Qu’on pourrait tout affronter.
Si j’avais pu savoir à quel point c’était faux et surtout irréaliste.
Et si seul’ment j’avais pu prévoir tout ça.
J’ai mal, Bill. Mal pour nous. Mais j’en peux plus. C’est comme ça. J’dois m’en aller. Parce que j’ai trop mal et que je n’veux plus que ma douleur continue à t’gâcher la vie.

Trop d'révélations, là...
Luka...
J'pourrais presque me mettre à croire en Dieu, juste pour le supplier d'arrêter d'foutre la merde dans la vie d'ct'étoile.

Abandonnant le lit et la chaleur d'mon chanteur, j'quittais la chambre en enfilant un pull informe et délavé. La porte de la chambre de Joshua était entrouverte. J'm'approchai et j'tai un oeil par l'interstice sombre. Le bassiste était profondément endormi dans un lit complét'ment ravagé. J'l'avais entendu dire à 'Rica qu'il dormait mal en c'moment. J'soupirai et refermai douc'ment sa porte. J'rejoignai l'escalier quand Bill sortit à son tour d'ma chambre. J'le laissai v'nir à moi avec un léger sourire et déposer un baiser sur mes lèvres.
- Salut, souffla-t-il.
- Salut...
On descendait et la voix d'un certain guitariste nous accueillit :
- Hello, les jeunes ! Bien dormi ?
Je lâchai la main de Bill alors qu'il répondait à Niklaus et m'installai au bar en me d'mandant comment mon tuteur-logeur-papa d'adoption faisait pour n'jamais être victime d'la gueule de bois. 'Rica déposa deux tasses de café fumant d'vant mon chanteur et moi. La discussion allait bon train, lorsque la question qui fâche vint polluer l'univers sonore de la pièce :
- Vous décollez à quelle heure toi et le groupe ?, d'manda Yuhiko.
- On reste sur Hambourg ce soir. On part pour Berlin demain dans la matinée.
Il se tourna vers Nik'.
- D'ailleurs, je voulais vous demander une faveur à propos de ça.
- Laquelle ?
- Pourriez-vous accompagner Luka à notre concert sur Berlin ?
- En gros, tu nous invites tous à ce concert ?
- En gros...
- Moi j'accepte !, lança Yuhiko en levant la main.
On s'tournait tous vers elle et elle laissa retomber son bras.
- Enfin... si tu nous offres la place, bien sûr...
- C'est évident, répondit Bill avec un sourire.
- J'y vois pas d'inconvénient, pour peu qu'on arrive à s'organiser d'ici demain, dit Nik'.
- Désolé, j'aurais préféré vous prévenir avant, mais j'étais pas sûr de pouvoir...
- Aucun problème ! Tu nous invites, c'est d'jà super sympa.
- OK, alors tenez-moi au courant.
Mon chanteur regarda sa montre et s'tourna vers moi.
- Dans une heure, on est partis.
J'acquiesçai et posai ma tasse.