Morgan, Le Gout De Tes Baisers.

Lové dans son canapé, à siroter une menthe douce et légère, les yeux rivés sur l’écran mort de la télé, une main dans les cheveux, il pensait, ou rêvait, qui sait ?
Son programme pour la journée n’était pas fort chargé,
il allait enfin pouvoir se reposer.
Il déposa son verre sur la table basse qui trônait au milieu de la pièce,
pêchant à la place un magazine portant sur le tennis « Play tennis ».
Négligemment, il passait les pages une à une, s’attardant ici et là sur une jolie fille qui l’intéressait, sans plus.
Une chose ou l’autre, des nouvelles pour son club, des interviews à l’affiche, une venue spéciale, mais non, rien.
La lassitude le gagna assez rapidement, il se leva alors pour s’approcher de la fenêtre, musclé et élancé, posant son regard sur les élèves qui passaient par-là.
Une main posée sur le carreau, l’autre dans son énorme poche,
ses yeux marron scrutant l’allée et venue d’un corbeau noir sombre et effrayant,
mais à quoi pensait-il donc ?
A son avenir ? Sa carrière ? Une fille ? Lui seul le savait.
Mais lui, qui était-il au fait ?
Un jeune homme de bientôt 18ans, orné de cheveux noirs brillant au soleil, souvent relevés en pics, mais que ça lui allait bien.
Un corps séduisant, régal pour les yeux des demoiselles, légèrement bronzé,
tout ce qu’il faut pour faire tomber à ses pieds, une quantité fulgurante de prétendantes.
Un sourire charmeur, de beaux yeux bruns, référence à du chocolat coulant, toute les qualités requises pour plaire ; Morgan, son prénom.
Ici, à l’internat où il réside, Lipes d’Herstal, sa popularité est immense.
Les étudiantes grouillent auprès de lui.
Son corps est la cible de nombreux fantasmes incontrôlables provoqués sans le savoir, sans le vouloir, et dont il n’en contrôle pas les dégâts.
Aujourd’hui encore, deux lettres glissées sous la porte de sa chambre,
son colocataire n’en revient toujours pas.
Et d’ailleurs, Morgan non plus.
Pourquoi lui et pas un autre ? Telle est la question.
Il dirige ses pas vers le centre de la pièce, ramasse son sac à la volée, et sors de son dortoir.
Son esprit de bête exotique n’est visiblement pas aux compliments intempestifs habituels et lassants, à la longue.
Ses jambes prennent la direction du court abandonné, un vieux terrain en exil où les élèves s’entraînent de temps à autre.
Lui, il vient décompresser.

Ca commence super bien =)
J'ai hâte de voir ce qu'il va lui arriver XD$
Il me plait déjà ce Morgan ! [ et pourtant je n'l'ai jamais vu x') ]

Eh ben j'peux t'assurer qu'il est magnifiquement beau, c'gars.
En vrai =]

Oh, chérie glisse une lettre de ma part...
Il s'ra pas déçu du voyage =]

J'aime beaucoup le début, sûrement notre passion commune pour le tennis...
En fait, j'crois que je suis plus amoureuse de tes mots que de Morgan, quoique, j'dirais pas non à ses baisers =)

Han.
J'espère que j'le verrais, un jour...

Hum...
Tu lui diras que j'lui garde un nuage....
Vu que le "magnifiquement beau" m'intéresse...
Hum..
Reprenons...
Je voulais te dire que là..Une suite s'impose
=)

Mdrr'
Ma Rose, tu peux m'laisser un p'tit morceau, dis ?

Du bout des yeux, il regarde si le lieu est bien désert, de façon à ne pas être dérangé pour des « couilles », comme il dit.
Après inspection, il pose ses fesses à l’endroit le plus tranquille, dos à dos avec un énorme chêne, genoux repliés, sa tête dans le creux de ses mains, les yeux fermés.
Dans ses oreilles son fixées deux écouteurs, son mp3 se balade dans la poche intérieur de son blouson, il le branche. La musique est pour lui une seconde nature, un moyen de tout oublier, pour n’y avoir plus que lui, et la chanson. Une bulle comme une autre.

Wenn du da bist hörst du auch noch was du denken sollst
Quand t'y es on te dit même ce que tu dois penser
Danke, das war mal wieder echt 'n geiler Tag
Merci, C'était encore une super journée
Du sagst nichts und keiner fragt dich: Sag mal, willst du das ?
Tu ne dit rien et personne ne te demande : dit, es ce que c'est ce que tu veux ?

Tokio Hotel, une révélation de phénomène cette année. Morgan est probablement un des rares belges à connaitre ce groupe, composé de quatre jeunes hommes allemands.

Nein - nein - nein - nananana nein
Nein - nein - nein - nananana nein

Schrei! Bis du du selbst bist
Crie ! Jusqu'à ce que tu sois toi même
Schrei! Und wenn es das Letzte ist
Crie ! Même si c'est le dernier
Schrei! Auch wenn es weh tut
Crie ! Même si ça fait mal
Schrei so laut du kannst!
Crie aussi fort que tu le peux !
Schrei! Bis du du selbst bist
Crie! Jusqu'à ce que tu sois toi même
Schrei! Und wenn es das Letzte ist
Crie ! Même si c'est la dernière chose que tu fais
Schrei! Auch wenn es weh tut
Crie! Même si ça fait mal
Schrei so laut du kannst - Schrei!
Crie aussi fort que tu le peux ! Crie !

Les paroles résonnaient à fond dans sa tête, comme une bande sonore qu’on enfonce dans son crâne, mais c’est ça, qui lui faisait du bien. Oublier le monde qui l’entoure pendant un instant, se retrouver seul avec ses chansons, bref, le silence des jeunes.
Fin de la chanson, une autre passe, puis une autre, et encore la suivante.
Dans son cerveau, il pense. Il pense à toutes ses filles qui le pourchassent sans relâche. Encore et Toujours. Sans jamais se lasser, apparemment.
Et puis il se souvient, de cette lettre. Une lettre noire et rouge, sans cœurs ni étoiles pour décorations, rien, simplement, « Morgan » écrit dessus pour signifié clairement le destinataire. Et étrangement, ce bout d’papier là, il l’avait gardé. Pourquoi ? Il ne le sait pas. Elle était soigneusement rangée dans un coin d’son sac, entre une farde et une pile de cd qu’il trimballait toujours avec lui. Il la prit. Pendant de longues minutes, il resta inerte, son regard posé sur l’enveloppe, visionnant la finesse de l’écriture.
Ensuite, il se décida à l’ouvrir, cette fameuse lettre. Et en lisant le contenu, bêtement, il sourit. Pas un de ces sourire hypocrites comme il a l’habitude de les faire, non. Un sourire sincère, compréhensif, amusé. Un sourire contenant une tonne de chose qu’il souhaiterait redécouvrir, une nouvelle fois.

« Salut…Bon j’suis certaine que t’as autre chose à faire que d’lire encore une lettre de Miss je t’aime, mais j’ai pas pu m’en empêcher. J’vais changer d’discours pour une fois.
C’n’est pas des je t’aime en cascade que j’vais t’dire, car non, je n’suis pas dans tes fans incontestée…J’vois pas à quoi ça sert de courir après un mec avec des bouquets d’fleurs dans les mains, et des tonnes de courriels, c’est carrément inutile à mes yeux. T’façon, si t’aime bien quelqu’un, t’irais lui dire, non ? Soit, c’est vrai qu’t’es beaux, qu’t’as un beau p’tit cul, mais on te le dit sûrement assez pour que j’en rajoute une couche. J’sais même plus c’que j’voulais à la fin, merde ! Hum…Ca m’reviens, j’crois. Ca t’fait quoi d’avoir la terre entière à tes pieds ?
P.S. : J’ai remarqué qu’t’écoutais beaucoup d’rock, le Cd black c’est un cadeau, tout y est dit.



Pendant tout un temps, il relit ces quelques mots. Mots simples, et pourtant accrocheurs et prenants, pour lui. Il sourit, encore celui-là, de sourire. Beau et coquin. Mystérieux et craquant. Comme une coupe entière de fruit d’la passion, un sourire dont lui seul a le secret.
Il rangea le message, plié en quatre, dans sa poche, se releva et partit, direction, les dortoirs des filles. Bien qu’il sache pertinemment que cela était interdit au garçon, il s’y risqua néanmoins, le jeu en valait la chandelle. D’un œil prudent, il s’aventura dans cette partie peu connue de l’école. A vrai dire, ça ne l’intéressait pas plus que ça.
« 35, 35 où est cette maudite chambre 35 ? Murmurait-il. »
Il tourna à gauche, bifurqua à droite, pour finalement tomber nez à nez avec Nicolas, son colocataire d’appartement.
« Que fais-tu ici ? Demanda celui-ci, surpris par sa rencontre. »
« J’suis venu voir Caro’, et toi ? répondit le second. »
« Je cherche la chambre 35, tu sais pas où elle est ? »
« Juste en face de toi mon vieux, répliqua son ami d’un air moqueur, une nouvelle admiratrice ? »
Il ne répondit pas. Economiser de la salive au lieu de la bâcler sur de telle idiotie.
Le poing armé, il se décida à frapper à la porte, en vain. Deux fois qu’il recommença, sans succès. Brusquement, il tourna les talons et marcha d’un pas décidé, vers le sous-sol. Là-bas, il y avait une sorte de local désert, grand, comportant une scène où les élèves pouvaient répéter lors de spectacle, et autre représentation écolière ; la salle 35.
Arrivé à l’endroit désiré, il remarqua une fissure dans l’ouverture, ce qui lui permit d’entrer. Au dehors, déjà, une voix particulièrement belle lui était parvenue, mais en l’entendant de l’intérieur, cette mélodie enjolivée d’une voix angélique, lui sembla plus magnifique encore.
Sans vouloir déranger la chanteuse, il s’assit, sans faire de bruit, sur une des chaises plantée au centre de la salle, se laissant emportée de partout, par ce son des plus envoûtants.

On verra Bim'
Si ça s'trouve
J'le trouverai trop fade =]

Il est vraiment magnifique ton Morgan et son sourire me fait craquer même si j'le vois pas
Merci