Crève de mes sourires.

Lumière.
- Imagine le silence.
- Le silence.
- Ouai, tu le vois ?
- ...
- Magnifique. Imagine le silence en pire.
- Silence.
- En pire.
- Silence empire.
- Tu vois comme c'est bruyant ?
- Le silence empire.
- Okay.
- ...
- Imagine le silence, en pire, imagine tout ce bruit.
- ...
- Magnifique.
- Le silence empire.
- Maintenant que tu regardes ça, écoute moi.
- Le silence empire.
- Ouai, en pire.
- ...
- Magnifique.


Silence.
- Si tu le vois ce putain de silence, Nat, t'es prêt à m'écouter.
- Empire.
- Oui Nat, le silence en pire.
- Silence Empire.
- Magnifique.
- ...
- C'est quand t'as tout le bruit du silence qui s'ennivre dans la mer que tu l'as cette horrible image du commencement
- ...
- Tu entends ?
- ...
- Superbe.
- Silence Empire.
- Okay. Bon, maintenant tu la fixes bien ton image du commencement. Tu la colles comme un Post-it sur ton front. Juste devant tes yeux. Tu vois ça ?
- ...
- Je t'ai connu plus bavard.
- Silence empire.
- Si tu veux, le silence en pire.
- ...
- Okay.
- ...
- Bon, maintenant que tu as l'image du début tu la prends et tu la mets sur une digue.
- ...
- Ouais, une digue en face de l'Océan.
- Silence empire.
- Ouai, tu as le bruit du silence -en pire-, l'image de début, la digue en face de l'Océan. Si t'as tout ça c'est parfait. Tu l'as ?
- Silence empire.
- Parfait.

Magnifique.

C'est juste le mot.
Perds jamais espoir, tu portes le plus joli surnom du monde.

Merci.
Merci.
=)

Sur ce je vous mets la suite.

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Ailleurs.
- Maintenant, imagine moi là-bas sur cette putain de digue avec ce putain de boucan du silence.
- ...
- Y a quelqu'un qui m'appelle. Quelqu'un qui gueule mon nom. Quelqu'un qui s'approche.Une démarche violente. Il avait un truc ce mec, crois moi, il avait quelque chose qui faisait tout. Et quand mon prénom glissait sur sa voix, mon corps se remplissait de frissons. Tiens, regarde, rien que quand j'y repense ça revient. Moi j'l'avais jamais vu avant et lui il gueulait mon nom comme un malade. Et il venait vers moi brisant ce putain de silence avec sa démarche de malade. Il gueulait "Lou" à tue-tête et j'en frissonne encore Nat, tu peux me regarder comme ça, il a ce truc qui fait que j'en frissonne encore. Il devait avoir Satan dans la voix. Ce mec qui marchait vers moi en brisant le silence, il marchait avec derrière lui l'Océan, avec dans la voix Satan et avec mon image en tête. Il était superbe, ouais, il était splendide.
- ...
- Pourquoi je parle de lui au passé ? Il a disparu, mais ça on s'en fout mon Nat, c'est pas le plus important. Le plus important c'est qu'il m'appelait moi. Pas une autre, moi. Et puis il s'est planté juste devant en fixant mes pieds. Et merde, qu'est ce qu'il avait la classe quand il regardait mes pieds.
- ...
- Sisi, mes pieds j'te jure ! Il a regardé mes pieds et il m'a dit de le suivre. Il a dit avec cette putain de voix "Viens Lou, suis-moi". Il a commencé à marcher, et moi comme une conne j'l'ai suivi. Et puis après il m'a dit comment il s'appelait. Il m'a dit avec sa voix, en brisant un silence, comme ça, sans bruits, sans rien autour, il a dit "Jay". Juste "Jay". Et j'en crève encore. Il m'a sourit et le monde s'est effondré.Il était devant moi avec sa démarche de malade, ses yeux bleus comme pas possible, ses bras de quelqu'un qui n'y croit plus, et il m'a sourit.
- ...
- Comment je le sais ? Mais parce que Jay qui sourit, ça fait trembler la terre. En tout cas, ça me fait trembler moi. C'est lui qui m'a appris à Sourire tu sais. Bref, il m'exterminait à coup de tout. Tu sais, ce p'tit truc qui faisait tout. Depuis qu'il a disparu, j'ai rien vu d'égal à ça. A ce p'tit truc qu'il avait. Je n'en dormais plus, imagine toi. Mais, on s'en fout, revenons à notre image, ouai, lui qui sourit devant moi, moi qui le vois pas, derrière lui. J'étais en train de suivre un défoncé et je ne vivais plus que pour le regarder.

<3.

Intensité.
- Le mieux c'est quand il m'écrivait. Il parlait pas beaucoup tu sais, le plus beau il l'écrivait sur ma main, et un jour, par miracle il me le murmurait. Mais le plus beau, c'était quand il écrivait sur ma main. C'était un des seuls moments où je voyais ses yeux.
- ...
- Ses yeux ? Tu veux que je te raconte ses yeux ? Oh. Regarde l'Océan. Le vrai. Celui ravagé par les tempêtes. Celui que tout le monde craint. Regarde l'Océan et tu verras ses yeux. Un jour il a pleuré. Une fois. J'ai cru que j'allais me noyer. Il a juste eu les larmes aux yeux, à peine tu vois. Mais ce jour là. C'était un putain de jour magique. Le dernier. Mais je dois d'abord te raconter le début. C'est comme ça, le début en premier, suite après et la fin en dernier.
- ...
- Si. Je te jure. C'est pas moi qui l'ai décidé.
- ...
- Oui, reprenons. J'l'ai suivi. J'ai marché derrière ses pas, écrasant son ombre, devinant ses yeux bleus. Il m'a emmené dans une ruelle, vide, sombre. Il m'a emmené là-bas et il s'est retourné vers moi. Il a regardé derrière moi et a sourit. Je me suis alors retournée. Réfléchis Nat, tu aurais fait pareil, le monde entier aurait fait pareil. J'ai donc regardé derrière moi. Tu sais ce qu'il y avait ?
- ...
- Devine.
- ...
- Rien. Il n'y avait rien, juste rien. Du vide. Des rues. Des murs. Alors je me suis encore retournée et il était parti. Pouf. Disparu. J'ai marché jusqu'à la ruelle d'après, j'ai tourné la tête, et j'l'ai vu. Splendide. Magnifique. Son dos, dans l'ombre. Bercé par sa démarche d'ange, son coeur vide se balançait. C'est comme une tempête qu'on regarde. Tu l'admires, tu rêves de te jeter dedans mais t'as peur. Et j'avais une de ces peurs. Tu n'imagines même. Et magique comme il est, il s'est retourné et il m'a sourit. Invitation endiablée. Je me suis mise à courir et je suis tombée dans ses bras. J'ai levé la tête et j'ai vu l'Océan. Je me suis jetée dedans dans un baiser. Secondes de fou. Et j'ai pleuré à en crever. Comme ça. J'ai tellement pleuré que je me suis réveillée allongée sur un canapé bon marché. J'me suis assise et puis il est arrivé, il m'a regardée et il a dit " Bienvenue chez moi Lou ". Il a sortit son putain d'sourire et il est parti fumer une clope, me laissant seule dans ce putain de salon.
- ...
- C'était superbe.
- ...
- J'l'aimais déjà tu sais.


Mélodie.
- J'l'aimais plus que tout. Lui, son sourire de merde et ses putains d'mots.
- ...
- Je suis allée le rejoindre sur son balcon, il regardait au loin. On ne voyait rien mais il semblait perdu. J'l'ai regardé en silence et j'ai pris sa main. Une main abimée, la guitare tue. On est resté là, comme des cons, à regarder l'horizon qui n'était pas là d'ailleurs. Il s'est assis, m'invitant à partir loin de tout ça. J'lui ai murmuré un "Va te faire foutre" et je me suis installée à coté de lui. Sa première réaction a été de tourner la tête. Il n'aimit pas quand on fixait ses yeux. il posait toujours le regard autre part.
- ...
- Okay, je continue.
- ...
- Il s'est retourné et a saisi quelque chose. Il est revenu vers moi avec dans ses mains une guitare. Une guitare splendide. Magnifique. Une merveille, il m'a souri en baissant la tête et il a commencé à jouer une mélodie. Une chanson que je n'avais jamais, non jamais, entendue avant. C'était comme le bruit de l'Océan mélangé au silence de la Vie. Un air parfumé au bonheur. Il a commencé a chanter, fixant sa guitare comme dans un dernier espoir. Depuis son départ, je chante cette chanson tous les soirs, comme un dernier hommage. Tu ne l'entendras jamais mon pauvre Nat, mais sache que c'est la plus belle chose du monde. Après ses yeux évidemment. Il chantait sa chanson, me laissant agoniser d'amour à coté. Et puis, tout a une fin tu sais, alors les derniers accords sont arrivés, dansant sur mon coeur comme des pantins. Et puis il y a eu ce silence. Le même que celui du début, tu te souviens ?
- ...
- Splendide.
- ...
- Ce silence est revenu pendant longtemps. Et puis sa voix. La sienne. Une voix presque aussi rauque que la tienne, plus sombre que la mienne, plus belle que n'importe qu'elle autre. Une voix qui glissant sur le rebord du balcon, a commencé à me raconter son histoire. La sienne.