Sous les spots colorés de la piste, je danse, entourée de mes amis.
Sous les spots colorés de la piste, je flirte un peu avec un garçon.
A la fin de la chanson, il m'entraîne par la main jusqu'à sa table. Me sert un verre et passe son bras autour de mes épaules. On parle de choses et d'autres, nos mains se font plus baladeuses et nos jeux moins innocents. Il me glisse à l'oreille qu'il est marchand de rêves, en trace quelques lignes sur la table et on se les partage, comme la Belle et le Clochard partagent leur plat de spaghettis. Des étoiles dansent devant mes yeux.
Et sous les spots colorés de la piste, je le suis dans un coin isolé.
Loin des lumières, on s'adonne à un plaisir bestial, avant que chacun ne reparte de son côté, quelques rêves en plus dans le nez.
Les étoiles se déchaînent toujours dans mes pupilles larges comme une quatre voies et la musique sous mon crâne n'est pas la même que celle du DJ. Mon cerveau me joue le requiem pour un rêve, poudre d'illusion. Quelqu'un grandit dans ma tête, prend toute la place et m'empêche de penser. J'ai mal, j'explose de l'intérieur, je sens ma boîte crânienne se fendre de tous les côtés. je veux hurler mais rien d'autre qu'un murmure ne parvient à franchir mes lèvres...La Terre tourne et moi aussi, mais pas dans le bon sens je crois. Tout est flou et j'ai de plus en plus mal...Sors de ma tête, bête maudite qui inhibe mes sens...J'ai chaud, trop chaud et puis froid, des frissons parcourent mon dos, je vais tomber, je vais pleurer, je vais vomir, mais rien ne vient et je suis encore en vie, je le sais car mon coeur éclate dans mes tempes. Les couleurs se mélangent sur la peau des danseurs, elles font valser mes globes occulaires et je vacille. Laissez-moi tomber, mes jambes. Au sol, j'aurai moins de mal à m'accrocher. Mais mes genoux ne fléchissent pas, et je reste immobile, incapable de chuter, incapable d'avancer.
Sous les spots colorés de la piste, je n'existe plus.
Je m'appuie sur une épaule, amie ou inconnue, qu'importe après tout ? On me repousse, on me bouscule, on me retient par le bras mais je me sens basculer en arrière. Ma chute au ralenti me paraît longue, si longue qu'avant de toucher le sol...
Trou noir...
Sous les spots colorés de la piste, je suis morte d'avoir voulu rêver.