| L'Océan. On reprend du service (L) Allez les meufs, au boulot. |
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| [Comte Cain] Mizérable paradoxe. | |
| | Auteur | Message |
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- Full Moon - Fleuve d'Encre
Nombre de messages : 698 Age : 30 Localisation : Japon. Ou dans mes rêves, comme vous préférez =] Date d'inscription : 09/07/2007
| Sujet: [Comte Cain] Mizérable paradoxe. Mar 8 Jan - 18:46 | |
| Ouais, C omte C ain. J'ai beaucoup hésité, car les personnages de Kaori Yuki m'ont toujours intimidé, mais j'ai finis par me lancer. J'aime tellement Jezabel = ) Je tiens à préciser que le titre ne contient aucune faute d'orthographe inintentionnelle ^0^ J'espère que cela vous plaire = ) [ Ecoute : G ackt - M izerable ] Mizérable paradoxe
Je le regardais. Au fil du temps, je le regardais toujours, impassible. Pas une seule fois je n’en avais détourné les yeux. Je le regardais, comme un forcené. J’essayais de lire le moindre de ses sentiments, de m’assimiler à lui, de le comprendre. Au début, je n’y arrivais pas toujours, mais j’ai finis par le connaître par cœur. Il était tellement simple, dans sa complexité… et il avait tant souffert, au fond. Peut être autant que moi. Et plus je le regardais vivre, grandir, contrer ce destin semé d’embûches qui était le sien et continuer envers et contre tout à sourire, et plus ça me faisait mal. Diablement mal. Car, bien à l’encontre de ma volonté, plus je le regardais et plus je redevenais humain. J’aurais voulu le nier à corps et à cris, j’aurais voulu refuser ce fait qui me dépassait fondamentalement, j’aurais voulu, oui, mais je n’étais qu’un lâche. Un lâche qui s’accrochait aussi fort qu’il le pouvait à ses misérables illusions. Et puis cela m’amusait un peu, de redevenir celui que je croyais mort tout au fond de moi. Cela m’amusait autant que cela m’effrayait. Mais devenir humain, perdre son masque de froideur dissimulant tant de douleurs, cela entraîne bien des désagréments, pour quelqu’un comme celui que j’ai peu à peu appris à devenir _ quelqu’un qui préfère milles fois rester enfermé bien sagement dans sa chère solitude plutôt que de se résoudre à ouvrir son cœur aux autres. L’un de ces désagréments, le plus plaisant de tous sans doute, s’appelle l’Amour. L’amour du corps _ cette chose répugnante et parfois si belle _ mais surtout l’amour de l’esprit. Car l’amour de l’esprit devient bien vite une dépendance. La meilleure preuve, c’est que je le regarde toujours. Je ne suis qu’un complexe enchevêtrement de paradoxes. D’ailleurs, c’est un mot que j’aime bien, paradoxe. J’aimerais beaucoup m’appeler ainsi. Croyez vous qu’il soit possible que je m’en aille, le plus loin possible et à jamais, que je change totalement de mode de vie, que j’aille dans un autre pays _ tiens, pourquoi pas le Japon ? J’aime beaucoup… les kimonos… _ et que je me fasse appeler paradoxe ? Sans majuscule, hein, pour ne pas que ça claironne trop. Ouais, ce serait un agréable rêve à réaliser. Redevenir un enfant insouciant baptisé paradoxe. Un enfant qui ne connaîtrait même pas la signification du nom qu’il porte si fièrement. Mais malheureusement, c’est irréalisable. Il y a père, voyez vous. Et cela change tout. Si j’avais pu… oui peut être que… je l’aurais fait. J’aurais sauté le pas. Quitte à me rompre le cou. A moins, bien sur, que je ne me sois trouvé entre temps une autre excuse à ma nature misérable. Car je ne suis qu’un lâche, souvenez vous. Je divague encore. Pardonnez moi si je ne sais faire que cela, pardonnez moi. Mais je trouve un réconfort mélancoliquement inespéré dans les divagations…
L’amour. On en revient toujours là. L’amour. C’est une chose que je n’ai jamais comprise, et peu importe sa forme. Que ce soit mon amour pour père, l’amour de Cain pour cet habile salopiaud de Riff, l’amour de Maryweather pour son frère. Ou encore mon amour pour ce jeune comte aux fantastiques yeux de chat. Je n’y ai jamais rien compris. Amour paternel, amitié exacerbée, amour fraternel ou Amour _ tout simplement Amour _, tout cela m’a toujours dépassé, même une fois enlisé en plein dedans. Peut être n’ai-je jamais voulu me précipiter dans ces abysses sans fond qui caractérisent ce genre de sentiments, même si à la haine je me suis donné corps et âme… et pourtant, j’ai tellement souhaité que l’on m’aime. Sans savoir réellement ce que l’amour représentait, sans comprendre comment et pourquoi, j’ai prié à en perdre la foi pour que quelqu’un daigne enfin m’aimer. Pourquoi pas cet homme si froid qui m’a pris sous son aile et qui poursuit inlassablement ses mystérieux dessins ? Pourquoi pas ce jeune homme aux yeux mordorés et à la beauté interdite dont je n’ai plus rien à espérer ? Paradoxes, paradoxe. ‘Faut m’excuser, c’est mon côté paradoxal… aimez moi. Non, aime moi. Voilà ce que j’aimerais tant leur crier. Non, lui crier. A lui, rien qu’à lui. Car son amour vaudrait bien tout l’amour du monde. Et ça y est, je me ridiculise encore. Pathétique, que je suis. Voir même profondément misérable, et indépendamment fier de l’être. Mais le pire, dans tout cela, c’est que je le regarde encore.
Dans l’ombre, comme toujours, je l’observe. Sur les toits froids et impersonnels de Londres, ville où la richesse se mêle à la déchéance la plus profonde. Il fait froid. Si froid. Mais ce n’est pas tant l’air ambiant que le disque blafard de la lune _ Full Moon _ qui me glace ainsi le cœur. C’est sa présence, juste là. En bas. Et mon incapacité _ mon impossibilité _ à me jeter près de lui. Pour lui clamer mes sentiments contradictoires et douloureux. Et pourquoi pas caresser ses sublimes cheveux d’ambre et d’ombre, tant que tu y es, petit paradoxe instable ? Je suis vraiment fatigué, ce soir. Eprouvé psychologiquement. Ouais. On ne peut rien faire pour moi. Je suis déjà médecin. Alors ne vous inquiétez pas, hein, je vous demande juste de m’aimer. Folie, quand tu nous tiens. Et sa présence. Et la superbe peau claire de son cou offert au clair de lune alors qu’il se penche vers sa jeune sœur qui descend de leur coche. Et ses vêtements sombres qui moulent si bien ce joli corps alors qu’il se tourne pour foudroyer du regard un Oscar toujours aussi intenable. Et sa belle voix frémissante qui s’élève dans le semi silence de cette nuit si ordinaire pour ordonner à Riff de monter ses valises jusqu’à sa chambre. Et ce tout oppressant qui le caractérise et qui semble tournoyer autour de moi jusqu’à m’en donner le tournis… Et voilà qu’un gémissement de frustration m’échappe alors que je le vois entrer dans l’hôtel _ hors de ma portée, hors de ce regard avide que j’aime tellement porter sur lui. Il l’entend et fait volte face. Ses sublimes yeux de chat croisent les miens une demie seconde avant que je ne me recule dans l’obscurité rassurante de la nuit. Et ce silence. Ce silence que je hais tant et qui semble être à jamais la seule réponse à mon cœur blessé et bien trop lourd. « My Lord ! Vous avez entendu ? Cela provenait des toits ! Voulez-vous que je… » Non ! S’il vous plait ! Non ! Qui que vous soyez, vous en qui je n’ose plus croire, je vous en supplie. Je n’aurais pas la force de fuir. Je ne veux pas que ce soit Riff qui me trouve, ce personnage trouble qui détient une si grande place dans le cœur de celui que j’ai le malheur d’aimer. Je vous en conjure, même si je suis totalement ridicule et que ma lâcheté n’a d’égale que la misère qui martèle mon âme, sauvez moi de cette rencontre. Permettez moi d’y réchapper. Quelque soit le prix à payer. « Non. Laisse. Sans doute un stupide voleur. Et puis je veux que tu me prépares du thé, Riff… - Bien, My Lord. N’est il pas un peu tard pour prendre le thé ? - Ca ne l’est jamais, si c’est pour boire le tien. » Je bondis à l’extrémité du toit, manquant de peu de basculer dans le vide. Mes cheveux volent, giclent presque tout autour de mon visage en une pluie d’éclairs argentés. A genoux, les mains resserrées autour de la gouttière aussi fort qu’ils le peuvent, la déformant presque, je cueille du regard la dernière ondulation de ses cheveux noirs avant qu’il ne disparaisse. Le majordome entre à sa suite et ferme la porte sans un regard en arrière. Et le silence retombe sur la rue. J’ai beau prier aussi fort que je le peux, la porte ne s’est pas rouverte cette nuit là et j’ai finis par m’endormir sur le toit, me perdant quelque part entre songes et cauchemars. | |
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| Sujet: Re: [Comte Cain] Mizérable paradoxe. Mar 8 Jan - 18:47 | |
| [ Hyde - The Cape of Storms ]
« DOCTOR ! DEBOUT ! » Je sursaute et ouvre les yeux. Cassian est penché sur moi dans la lumière aveuglante de l’aube de ce nouveau jour emplit de sombres perspectives. « Ca… ssian ? - Ouaip. - Qu’est-ce que tu fais ici ? - Tu crois pas que c’est plutôt à moi de te poser la question ? » Je jette un coup d’œil autour de moi. Effectivement, pour quelqu’un d’extérieur, je ne suis pas à ma place sur ce toit, en face de l’hôtel dans lequel le comte a réservé sa chambre avec les personnes qui lui sont chères, à l’occasion d’une recherche d’informations sur Delilah, la société secrète de notre père dont je fais moi-même parti en tant que ‘Death’, l’arcane majeur de la mort. Mais, alors que le soleil qui croisse de secondes en secondes accentue sa morsure brûlante sur mes yeux, je me dis que je n’ai jamais été autant à ma place qu’ici. Que je crève dans la solitude, misérable que je suis, puisque je ne pourrais jamais l’avoir. Qu’on me brûle les yeux, qu’on les marque au fer rouge, puisque je ne peux le voir autant que je le souhaiterais. « Doctor ? Pourquoi ris-tu ? » Je regarde mon subordonné. Ma simple petite carte à jouer, toute dévouée. Il a l’air totalement décontenancé, et cela ne fait qu’accentuer le rire hystérique qui me secoue violemment. « Ne t’es-tu jamais senti le plus misérable du monde, Cassian ? Je ris pour ne pas pleurer. Je ne pleurerais que lorsque le monde m’aura oublié… je ne pleurerais… que le jour où ce sera lui qui me demandera ce qui ne va pas… - De qui tu parles ? » Je ne prends même pas la peine de secouer la tête. Pardonne moi, Cassian. Je sais que tu es bien la seule personne qui serait prête à m’écouter. Mais je ne suis qu’un pauvre égoïste, un foutu lâche. Et je préfère m’enfermer dans ma douleur plutôt que de te la confier. Je me lève. Ca me tourne. Je manque de m’effondrer sur le sol. « Doctor ! Ne me dis pas que tu n’as encore rien mangé hier ?! Arrête ! Arrête cette stupide anorexie ! C’est… c’est ridicule ! » Non ! Tu ne comprends pas ! Tu n’as jamais compris. Personne ne le peut. Ce n’est pas une maladie qui me bouffe de l’intérieur, c’est la dureté de ma vie qui m’écrase. Il en a toujours été ainsi, toujours. J’ai toujours été ce misérable gamin qui pleurait à genoux, les mains crispées maladroitement sur le ventre alors que celui qu’il considérait comme son père lui annonçait la cruelle vérité du jeu dont il avait lui-même imposé les règles. Rien ne s’est jamais passé comme je l’aurais souhaité. Rien ! Tout… m’a toujours… échappé… « Doctor ! » Je me laisse tomber. Pour aller m’écraser au bas de cette ruelle qui porte encore l’odeur de Cain, ce frère tant haï, ce frère tant aimé. Je veux en finir, j’en ai marre. Je veux goûter enfin la douce souffrance d’une mort aussi misérable que mon être. Mais comme toujours, tu es là pour m’en empêcher, Cassian. Il faudrait que je te tue, un jour. D’ailleurs, j’aurais dû le faire depuis longtemps. Ainsi, il n’y aurait pas eu tes bras qui enserre mon corps et le tire, irrémédiablement, jusqu’au toit, sanctuaire de mon désespoir. Tu es trop petit, mon corps t’échappe. Mais tu t’obstines. Tu n’abandonneras pas. Tu n’abandonnes jamais. Pourquoi ? Pourquoi serrer les dents et me remonter tant bien que mal, au mépris de ta condition physique ? Est-ce aussi une forme d’amour ? Ce Dieu dont j’ignore le véritable nom aurait-il enfin répondu à mes prières ? Serais-je resté aveugle pendant si longtemps ? Non. C’est ridicule. Aussi ridicule que mon anorexie aux yeux du monde, ou encore que mon amour pour ce comte des poisons qui a empoisonné ma raison. Personne ne m’aime. Personne ne doit m’aimer. A part lui. Et mon père. Personne d’autre. Je me relève, impassible, les cheveux au vent, et m’en vais. Sans me retourner. Pour ne pas retrouver toujours cette même incompréhension dans les yeux de Cassian. Pour ne pas me sentir égoïste et me faire étouffer par ce stupide sentiment humain qu’est la culpabilité. J’ai dressé des barrières entre moi et le monde. Et je ne laisserais personne les renverser. Personne à part lui. C’est pour cela que je pars, sans me retourner. Mais si je pars, c’est aussi… pour mieux revenir. Car il m’a empoisonné, voyez vous, et le seul antidote est enfoui au fond de ses merveilleux yeux vert. Aussi imperceptible qu’inaccessible.
Il fait toujours aussi froid sur ce toit. Toujours. Mais aujourd’hui, ou plutôt ce soir, on ne voit pas la lune. D’énormes nuages ont caché cet œil blafard et terrifiant. Pour la première fois je prends la peine d’observer cet étonnant immeuble qui me fait face. Il fait juste un étage de plus que le toit sur lequel je semble avoir élu domicile, enveloppé dans ma longue blouse blanche de savant fou. Mes cheveux dansent élégamment devant mes yeux. Comme pour me cacher les épais voilages qui m’empêchent d’apercevoir quoi que ce soit derrière cette fenêtre close, en face de moi, qui me nargue méchamment. Il est peut être là, derrière ! Juste là, me souffle insidieusement ce traître qu’est le vent. Je détache mon regard de cette ouverture qui n’en est pas vraiment une, et les plonge dans ce que je devine de la ruelle dans cette pénombre voluptueuse. Les secondes s’égrènent. Les minutes passent. Et toujours cette même solitude, ma bonne vieille ennemie dont j’ai tout fait pour m’attirer les faveurs. Inlassablement. Plus personne ne pourra me sauver. Ouais. Cette certitude me broie les côtes, mais d’un autre côté, je la trouve bien réconfortante. Car elle prouve que je suis moi. Toujours ce bon vieux paradoxe, sans majuscule, à l’âme tiraillée entre tant d’étranges concepts inexplicables. Et qui n’ose espérer qu’on le sorte de sa perpétuelle indécision. Je suis sur le point d’admettre que les minutes se sont muées en heures implacables lorsque quelqu’un tire le voilage qui m’obscurcissait le cœur et la vue, laissant une onde de lumière rassurante balayer la rue et inonder une partie de mon toit _ mais pas suffisamment pour qu’on puisse m’apercevoir clairement, car tout aurait été trop simple. Une silhouette se profile derrière la vitre. Les carreaux sont les derniers obstacles qui me séparent de cet être dont je connais le moindre saut d’humeur. Car c’est lui, improbable et pourtant écrasante de logique conséquence de mon attente désespérée. Il porte juste une chemise de soie blanche entrouverte sur son torse imberbe et si clair, impérieusement attirant. Quelques mèches noires retombent sur ses superbes yeux verts qui ne sont pas encore tournés vers moi _ et je bouillis littéralement d’impatience de les sentir se balader sur moi, même si je sais pertinemment que cela ne peut que m’être fatal. Mais il ouvre la vitre et écarte les bras, fermant les yeux et inspirant pleinement les effluves fraîches de la nuit. Une étrange chaleur vient me titiller le bas ventre, et le froid qui engourdit le reste de mon corps me semble soudain encore plus mordant. « Rha, je m’ennuies ! » soupire t-il à la nuit étoilée. Un courant d’air vient soulever ses mèches, et son superbe regard émeraude dorée rencontre mes froides améthystes à l’instant même où la lune réapparaît, laissant couler sur moi sa blancheur traîtresse et malsaine. « Je… zabel ? » murmure Cain, surpris. Et ce qui me tut en cet instant là c’est de ne voir aucun sentiment au fond de ses si beaux yeux. Rien que de la surprise et une pointe d’appréhension. Même si je m’y attendais, même si je n’avais jamais rien espéré d’autre que cela, même si le contraire m’aurait déstabilisé, l’effroyable réalité me saute soudain en pleine figure et tout mon monde de douleur mêlé d’amour interdit s’effondre. Ou plutôt disparaît. Oui, disparaît, aspiré par la lune si peu clémente alors que je prends conscience que jamais rien ne changera entre nous. J’ai l’impression qu’il n’y a plus que du vide, en moi. Je ne suis plus rien qu’un corps dénué d’âme, au cœur souillé et à peine visible, et j’ai l’impression de me replier sous l’assaut de son regard éclatant. De me gondoler. De fondre. Et mon esprit est toujours aussi vide. Sans vraiment comprendre comment, je m’approche du bord et me jette dans l’obscurité pour la deuxième fois de la journée. Mais cette fois-ci Cassian ne sera pas là pour m’empêcher de fuir ce néant oppressant qui forme un nœud intangible dans mon cœur. Ni Cassian, ni personne d’autre. Je sens mes cheveux s’envoler tandis que je m’élance vers une délicieuse délivrance, et l’ultime son qui me poursuit alors que les ténèbres prennent possession de moi est la voix d’un jeune homme dont j’ai soudain oublié le nom, et qui en hurle un que je ne reconnais plus : « JEZABEL ! » Jezabel ? Qui est-ce ? Moi, c’est paradoxe. Juste paradoxe.
Dernière édition par le Mer 9 Jan - 15:55, édité 1 fois | |
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| Sujet: Re: [Comte Cain] Mizérable paradoxe. Mar 8 Jan - 18:48 | |
| [ M alice M izer - L e C iel ] Chaleur. Douceur. Je suis bien. Etendu je ne sais où, dans un lit, probablement. A moins bien entendu que ce ne soit un cercueil, mais ne prenons pas nos rêves pour la réalité. Je ne me souviens même plus de mon nom. Ou plutôt, je ne veux pas m’en souvenir. Mon corps m’élance un peu, d’une douleur aussi cuisante que désagréable : elle me crie que je suis en vie. Et, même si je ne veux pas me rappeler pourquoi, je sens que j’aurais nettement préféré être mort. Mon calvaire _ quel qu’il soit _ ne sera-t-il donc jamais terminé ? Je suis sûrement trop misérable pour mériter le repos. Je me décide enfin à entrouvrir les yeux, mais c’est peine perdue : je suis trop las pour comprendre ce que je vois. Je les referme donc. Jamais mon corps ne m’a semblé aussi indomptablement faible et fourbe. Je me sens terriblement vulnérable. Et ça fait mal. Même sans aucun souvenir, j’ai mal. Je souffre sans cesse. Mais pourquoi ? Pourquoi ne puis-je avoir droit ne serait-ce qu’à une simple consolation ? Pourquoi n’y a-t-il personne pour alléger ce fardeau écrasant que je porte perpétuellement sur mes épaules ? Mes mornes pensées sont interrompues par une mystérieuse intrusion. Quelqu’un est entré dans la pièce. Je sens une présence. Sa présence. La présence à qui ? Je sens les souvenirs presser contre la porte de mon esprit, mais je suis bien décidé à la maintenir fermée le plus longtemps possible. Laissez moi au moins ça. L’incompréhension partielle, comme une petite anesthésie à mon cœur prit dans les filets incassables de la souffrance. « Jezabel… tu es réveillé, je le sais. Pourquoi fais-tu semblant de dormir ? » Jezabel ? Et cette voix… je sens que mon barrage si durement érigé commence à s’effriter _ déjà. Je crains qu’il ne soit bientôt emporté par les flots en furie de ma mémoire. « Ouvre les yeux ! » Hors de question. Si je le fais, tout sera fini, tu comprends ? Tout cela n’aura servit à rien. Je me souviendrais de moi. Et pire encore, je me souviendrais de toi. Laisse Jezabel rester paradoxe. Je t’en conjure… « Jezabel ! Ouvre les yeux… c’est un ordre ! Je veux comprendre… Jezabel ! » Tu es cruel. Tellement cruel. Je crois que je l’ai toujours su. As-tu seulement une idée de l’ampleur du dilemme qui se dispute en moi en cet instant précis où tu me demandes de m’éveiller ? Je marche sur des fils de rasoir. Comme toujours, je crois. Je ne veux pas me souvenir. Je ne veux pas me réveiller. Mais je veux tellement revoir tes yeux… leur couleur sacrée et interdite… je me noie dans ton poison _ quel poison ? … il me faut mon antidote… « Jezabel… » Ta supplique aura eu raison de moi. Ca y est, le moment fatidique est arrivé. J’ouvre les yeux. Tout d’abord, tout est flou. Puis je distingue ton visage penché sur le mien et tes superbes yeux verts _ Ciel, jamais je n’oublierais une telle couleur _ viennent s’accrocher aux miens. C’est comme un coup de fusil que tu me tires en plein cœur. Mon pauvre petit barrage explose en milles morceaux, des fragments d’existence _ la mienne, et la tienne aussi _ déferlent en moi. La marée de mes souvenirs m’emporte. Je m’y perds, à semi conscient, mais plus que tout c’est ta présence qui m’assomme. Ta présence, et sa proximité.
Lorsque j’ouvre les yeux pour la deuxième fois, avec l’impression de sentir les morceaux de mon cœur éparpillés dans mon âme torturée, tu n’es pas là. Cette constatation me saute aux yeux. Et ça y est, un nouveau coup. Pourquoi me tortues-tu ainsi ? Pourquoi ? Pourquoi dois-je subir tout cela ? Pourquoi est-ce que ces stupides questions dont je ne comprends même pas le sens m’assaillissent-elles toujours ? Sauvez-moi, sauvez-moi ! Quel idiot. Quel pathétique idiot. J’ai envie de me gifler, mais ma condition physique actuelle ne me le permet pas. Tu es là, oui, accoudé à l’appui de fenêtre, le regard perdu au loin, offrant ton dos à mes yeux embués. J’aperçois même mon toit, sur lequel est restée ma blouse blanche, accusatrice. Tu étais là, mais je ne t’ai même pas remarqué, mon esprit fou pris dans mes élucubrations douloureuses. Je me fais mal moi-même. Mais qu’est-ce que je fais là ? Pourquoi suis-je étendu sur ton lit ? Pourquoi ne m’as-tu pas laissé mourir comme je le demandais tant ? J’ai mal, Cain ! Tu me fais tant souffrir ! Tu as du entendre mes hurlements mentaux d’aliéné, car tu tournes ton regard vers moi. Et vas-y que je m’y perds une fois encore, et vas-y que je me déchire en deux. En combien de morceaux suis-je donc voué à être découpé ? « Jezabel ? » Tu te lèvres. Tu t’approches. Je sens ton odeur, ta présence, ta vie. J’ai même l’impression d’entendre le sang pulser joyeusement dans tes veines. A moins que ce ne soit ce fourbe de cœur souffrant qui est le mien et qui n’en fait qu’à sa tête ? Mais je n’ai pas finis d’effleurer l’impossible. J’ai à peine commencé… et je tombe d’encore plus haut lorsque ces deux malheureux mots franchissent tes lèvres meurtrières : « Ca va ? » Là, j’ai littéralement fondu en larmes. Cassian, si tu savais. Toute mon existence entière, pourtant fraîchement reconstituée, vole une fois encore en éclats _ ça va finir par devenir une habitude… il m’a demandé si ça allait, Cassian. Tu te rends compte ? Il l’a fait. Et maintenant il se précipite vers moi. Sortez moi de ce rêve avant qu’il ne vire au cauchemar. Car il ne peut en être autrement… si ? « Jezabel ? Jezabel… ?! Tu… je… tu as mal… idiot… je vais demander à Riff d’aller te chercher des calmants ! » Tu es dépassé par les événements. Et moi, mon monde d’illusions a disparu. Je me sens nu, je me sens terrifié sous ton regard émeraude. Même la douleur s’en va et je ne me reconnais plus. Je veux redevenir celui que j’étais, quitte à mourir de ma solitude. Je suis paradoxe, vous vous rappelez ? Je n’ai plus aucun point de repère. J’ai peur ! J’ai tellement peur… Je lève le bras et m’accroche à toi avec toute la force du désespoir. Mon corps cri son mécontentement, mais je n’en ai plus rien à faire. Ma vie a basculé, je n’ai plus pied nulle part, je me noierais sans ta présence. Et sans que je parvienne à les en empêcher, les mots jaillissent en même temps que les larmes, des mots enfouis au fin fond de mon être depuis bien trop longtemps : « J’ai besoin de toi ! J’ai besoin de tes yeux ! J’ai besoin que tu sois là… que tu restes avec moi… que tu me haïsses autant que je t’aime ! Cain ! CAIN ! » Je ne contrôle plus rien. Mon corps secoué de sanglots s’effondre. Tu t’assoies sur le lit et avec des gestes aussi brusques que maladroits tu poses ma tête sur tes genoux. « Je suis là… calmes-toi, Jezabel… je suis là… » Ces paroles me rappellent celles de père bien des années plus tôt et mes sanglots ne font que redoubler pitoyablement. Tes doigts se perdent dans mes cheveux, mais je mets du temps à me calmer, à recoller les morceaux de mon existence, tant bien que mal. J’ai l’impression que ce sont mes sentiments et mes souffrances qui s’échappent enfin de moi. Lorsque mes larmes se tarissent, il ne me reste plus que la plus belle de mes vérités : je t’aime, Cain. Oh oui, je t’aime. Et peu importe ce que je veux, ce que je suis. Aussi misérable que je sois, tu es là, et je t’aime. Et merde. Sortirais-je un jour de ce dédale d’émotions impitoyables ? « Jezabel… » J’essuies lentement mes larmes et me redresse. Même mon corps me semble plus léger, à présent. « Fais attention ! Tu… tu es tombé du toit et tu… - Je me suis jeté… du toit. » J’ai répondu cela calmement, sans détourner les yeux de ce superbe regard luminescent qu’est le tien. Ce n’est plus le moment d’avoir honte de ce que je suis ou de ce que j’ai fait. N’as-tu pas déjà tout vu de moi ? « Jezabel… pourquoi… - Je ne supportais plus… de vivre… loin de toi… à ton encontre… » Tu as l’air décontenancé. Tu es si beau, lorsque tu es comme ça. Avec ta chemise toujours entrouverte, toute chiffonnée maintenant que je me suis échoué dessus, et tes cheveux en bataille. Et tes magnifiques yeux verts qui se perdent dans le lointain alors que le flot de tes réflexions t’emporte. « Jezabel… » Tu laisses ta phrase en suspens. Tu ne sais pas quoi dire, et tu as beau te creuser la tête, tu ne vois rien à ajouter. Serait-ce donc à moi de parler ? Mais que dire ? Tout a déjà été dit, tu sais. Grâce à toi, je me suis libéré de mes chaînes. Y a-t-il quelque chose à ajouter ? Tu prends quelque chose dans ta poche et tu me le tends. C’est le crucifix noir que m’avait donné père. Il a du m’échapper lors de ma chute vertigineuse et intentionnelle. Si j’avais été Jezabel Disraeli, fils adoptif et spirituel d’Alexis Hargreaves, arcane majeur ‘Death’, je te l’aurais arraché des mains et m’en serais emparé violemment. Je l’aurais serré fébrilement contre mon cœur en te foudroyant instinctivement du regard, car tu aurais touché une des choses les plus précieuses pour moi. Et si tu avais fait la moindre tentative pour récupérer le bijou, je t’aurais blessé autant que je l’aurais osé. Mais je me contente de repousser ta main, doucement, avec un léger sourire mélancolique : « Je ne suis plus Jezabel. Jezabel est mort, à présent. Je suis… paradoxe. Et peu m’importe si tout ceci n’est qu’une illusion issue de mon cerveau malade, car la réalité m’a rattrapé. » Tu ne comprends pas. Si toi tu ne le peux pas, qui le pourra ? Mais je ne perds pas espoir, plus maintenant qu’il m’est permis d’espérer. J’ai toute la vie devant moi pour te faire comprendre ce que de simples mots ne peuvent expliquer avec discernement.
Les jours ont passés. Lentement ou rapidement, mais qu’est-ce que cela pouvait bien me faire, à présent ? Tu ne m’as pas posé de questions. Sans doute craignais-tu les réponses. Je savais bien que tu ne m’aimerais jamais comme j’aurais voulu que tu m’aimes. Mais le fait de compter pour toi me suffisait largement, malgré mon égoïsme vitupérant. Tu étais là, présent, et tu t’inquiétais pour moi lorsque je me mettais à trembler le soir en contemplant la lune. Mais il me suffisait de plonger mon regard dans tes superbes yeux mordorés, désormais à mon entière disposition, pour dissiper les fantômes brumeux d’un passé grisâtre. Je me rétablissais petit à petit, affrontant les changements qui m’avaient secoué chaque fois que j’entr’apercevais ma blouse devenue grise, sur le toit d’en face. Puis tu m’as ramené dans ta demeure, ta vaste et clinquante demeure de comte qui parvenait à ne pas paraître impersonnelle grâce aux bons soins de ton foutu majordome pour lequel j’ai toujours conservé une indicible rancœur. La demeure de ta famille m’était ouverte. Au début, néanmoins, ils m’ont crains, ces gens que tu aimais tant. Mais ils ont finis par s’habituer à ma présence, en même temps que j’apprenais à vivre avec la leur. Tu avais au moins compris que désormais, je ne vivais plus que pour toi, et que tu n’avais rien à craindre de moi. Tu veillais sur moi, à ta façon. Et cela suffisait à m’emplir de bonheur. Peu à peu, presque sans que je ne m’en rende compte, le sourire m’est revenu. Ce fut long, ce fut douloureux, mais j’avais finis par me trouver une place auprès de toi. Peu m’importait combien de temps durerait la quête qui t’accaparait à longueur de temps. Cela ne me concernait pas _ ne me concernait plus. La fin de toutes choses aurait pu être très différente si tu ne m’avais pas accepté, tu sais. Seigneur, cela vous a pris bien du temps et vous y avez eu du mal, mais vous êtes parvenu à sauver ce misérable paradoxe que je suis. Dois-je vous en remercier ? Fin. | |
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