L'Océan.

Ses pieds posés sur le sable blanc de la plage, son regard qui bascule d'un monde à l'autre à la seule vue du grand bleu, sa chevelure d'un noir corbeau qui s'éparpille au gré du vent, et ses pensées qui se perdent, vagabondants d'un esprit à l'autre.
On dit qu'elle vit dans l'Océan.
A chaque heure de la journée, chaque minute de sa vie, elle est ici, comme une statue de marbre délaissée par le monde et croyant retrouver une énergie à travers celle du liquide transparent, magique.

Sa main droite dessine des formes bizarre dans la matière soyeuse et délicate, s'effaçant à chaque coup d'air, le vent faisant son nettoyage quotidient.
Et elle recommence, encore et toujours, sans jamais se lasser, sans jamais arrêter.
Comme si d'écrire ses pensées dans le sable, la soulageait.
Un cri de détresse, un appel à l'aide.

L'eau vient lui caresser les orteils, ce qui la fait frissonner, de plaisir, de détente.
Elle ferme les yeux. Berçée par la mélancolie maritime, le bruit des vagues la fait danser dans l'ombre des gens.
A l'abri de tout les regards à coeur fermés.
Car personne ne peut l'entendre, non.
Car personne ne peut la comprendre, non.
Car toutes les âmes se sont envolés des corps de leurs propriétaires.

Le vent lui chatouille le bout du nez, sourire et rire.
Ses pensées déménagent, son âme décolle, son coeur s'envole, ses ailes s'enflamment et partent vers le ciel, plus que jamais prêt à l'accueillir.
Comme si tout son être était un avion voyageant au souffle de ses envies, du moment.

Là, par exemple, elle a une envie folle de chocolat aux noisettes.
Sa tête part en direction de la suisse.
Elle s'y retrouve, dans le décors, dans le langage, elle disparait d'un monde à un autre.
Ensuite, des fraises sucrée et juteuse, allons en Espagne.
Sénario Pareil.
Et comme cela pendant des siècles et des siècles de merveilleux voyages spirituels.

Sa main a terminé par tracer un cercle cabossé, qui semblait décrire les courbes de son coeur.
Et sans même l'apercevoir, elle sourit.
Parc'qu'elle savait que c'était exactement ce qu'elle voulait représenter, sans pour autant qu'un autre être humain le remarque, car elle sait parfaitement, elle comme le ciel, que personne n'a l'coeur assez ouvert pour comprendre son âme blessée.

Le vent tourne, se fait plus violent.
Le ciel change subitement de couleur, passant du bleu plus ou moins normal, à un bleu marine assez foncé, rage et colère.
Des éclairs jaïllissent, d'un peu partout.
Son humeur à elle.
Son organe vital se sert, l'explosion se faisait attendre.
Elle a tant de sentiment renfermé en elle, à qui elle ne sait confier.
Tellement de choses inexprimées, refoulées au plus profond d'elle-même, dans une boite plus petite que la cervelle d'une souris.
Elle attend, depuis l'aube de son arrivée sur cette terre.
Elle attend la personne qui aura assez de coeur pour supporter le poid qu'elle porte sur elle depuis le début.
Les épaules lourdes.
Même si son sourire ne s'efface pour ainsi dire jamais.

Et en même temps ...
Elle aimerait tant pouvoir ouvrir la bouche et laisser s'échapper des sons plus merveilleux les uns que les autres.
Pouvoir chanter à se casser la gorge de trop forcer.
Faire rêver les gens par le son de sa voix.
S'évader.

Attente.
Longue, à la longue.
Tout ce qu'elle souhaite.
C'est qu'une personne lui apprenne.

- Apprends-moi. Juste à parler. Comment on fait un mot. Les lettres. Les sons.
Apprends-moi à voler, Océan.

Elle se lève doucement et se met à marcher le long de l'eau, en caressant le sable du bout de ses pieds, comme une princesse du vent qui cherche de la douceur, perdue à ses pensées gout vanille et saveur chocolat noir.
Ses yeux se perdent dans le chant du grand bleu, comme une mélodie trop pure pour être entendue, elle lui crève les oreilles tellement elle est belle, pardonnée, la jeune fille à le droit de l'entendre, car sa beauté à d'égale celle du chant des sirènes vagues.

A la magie de la nuit qui s'ouvre quand tu avances dans la folie.

Elle monte grâcieusement sur un Brise lame non loin de là, comme si elle volait, portée par le souffle du maitre de l'élément.
Elle s'assied tout au bord, là où personne de sensé n'oserait poser ses fesses, elle s'en moque, royalement.
Elle, ce qu'elle veut, c'est un instant de magie, d'alchimie avec la force la plus puissante de l'univers, cette eau d'un bleu azur, comme ses yeux, à se perdre dans le cosmos des oubliés.

- J'ai pas demandé à boire le sucre des fées, juste à parler pour pouvoir m'exprimer.

Sa tête tourne violemment d'un côté à un autre, prise d'une violente migraine.
Un flash lui reprpend, comme la nuit précédente, et celle d'avant.
Et dans la courte durée qui lui est permise, elle aperçoit un gamin aux cheveux bruns, une sucette à la framboise mentolée en main.
Il court après un papillon rouge ardent, avec un sourire ravissant banané à ses lèvres roses fille, et des yeux pétillants de malice comme du jamais vu.
Elle remarque également une jeune poupée recroquevillée sur elle-même dans l'ombre du jeune garçon, de longs cheveux blonds qui s'éparpillent sur son visage.
Elle pleurs, semblerait-il.
- Sakushi, tu viens ?
- Fou moi la paix, je t'aime plus, Anthony !
L'enfant s'assit à côté de la gamine éffondré et tenta de comprendre son chagrin, en vain.
Et elle reprit conscience.

A toute ces images qui reviennent sans cesse, sans aucune explication, que signifient-t-elles ?

Les vagues blanches éclatent à ses pieds, lui chatouillant le bout du nez avec les quelques goutellettes égarées.
Elle a la tête grosse comme un ballon et de l'incompréhension qui chante la marseillaise dans un registre qui la perturbe.
Des fraises qui dansent la valse et des bananes qui jouent aux soldats en regardant les miss framboises d'un regard spécial, dragueur et chaud lapin.
On croirait qu'elle devient folle.

A la mer qui décrit mieux que personne les sentiments qui s'échappe de son être meurtri.