La femme patiente, Alain Gagnol
Elle s’appelle Claire et c’est personne. Claire est une fille qui soulève sa robe à fleurs sans que l’on lui demande, une fille qui ne parle pas beaucoup, qui fuit on ne sait quoi. Claire dort sur le carrelage, comme une bête blessée. Claire ne sourit jamais.
Avec ses petits seins et ses jambes blanches, elle prend de plus en plus d’espace dans la vie de Camille, toutes ses pensées et un coin non confortable, toujours le même, dans sa cuisine. Claire fait le ménage dans la vie de Camille, à tous les niveaux, du sol au plafond. Elle change ses habitudes, énerve Béatrice, une des filles de passage, fait rire les autres plus cruelles.Elle aime Camille. Au nom de cet amour impossible, elle est prête à tout accepter de lui, les pires humiliations, les plus terribles perversions mentales sauf d’exhiber sa nudité trop longtemps.
Camille collectionne les femmes, se joue d’elles mais c’est Claire qui le prendra la première à son propre jeu. D’un élément sordide du décor, elle va devenir La femme la plus importante de sa vie et plus encore.
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Un roman noir dévastateur, implacable. Un roman sur les apparences, les silences, les jeux de dupe mis en scène avec un sens de la psychologie rarement observé. Le triomphe du mot juste sans faux semblant. Un livre qui se dévore avec impatience. Un ouvrage qui par le prétexte de la femme nous dévoile nous parle les faces cachées de l’homme avec tact et pudeur. Un roman humain, vivant mais très noir.
Un de mes livres préférés, sans aucun doute n__n
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" La fille est appuyée contre la grille. Elle est sale. Même d'où je suis, sur le trottoir d'en face, je vois que ses cheveux sont dégueulasses. Je traverse la rue, elle lève la tête ; je ne peux pas entrer parce qu'elle est pile devant la porte de la grille.
- Vous pouvez vous pousser ? je lui demande.
Elle a des cheveux courts, elle lève les yeux vers moi, elle a des traînées noires sur les joues. Elle ne bouge pas, respire à peine, elle se contente de rester là à me barrer la route.
- On se connaît non ? je lui dis.
Elle ne réagit pas, ni pour se sortir de mon chemin, ni pour me répondre.
- Ça vous dérange si je rentre chez moi ? Je ne vous ai rien fait. De quel droit est-ce que vous voulez m'empêcher de passer ?
Je reconnais vaguement sa robe à fleurs. Il y a des trucs sales qui sont collés dessus, un endroit est même un peu décousu.
- Allez, ne soyez pas ridicule, poussez-vous.
Elle se contente de me fixer, ni plus ni moins qu'avant. Son visage devient plus net au fur et à mesure que je le regarde.
- Mais oui, on se connaît, j'en suis sûr. C'était dans un bal, non ? C'est pas ça ?
Elle fait oui de la tête, sans ouvrir la bouche.
- Tu ne sais plus parler ?
- Si.
- Tu te pousses pour que je rentre chez moi, d'accord ?
Elle ne bouge toujours pas. Je l'attrape par les épaules et je la déplace sur le côté. Elle est toute légère, bien plus que ce que j'aurais pensé.
- Au revoir alors, je lui dis.
J'ouvre la petite grille, j'avance jusqu'à ma porte. En sortant mes clés, je me retourne pour la voir. Elle n'a pas bougé, elle me tourne le dos et continue de regarder droit devant elle. Ses cheveux ont des mèches qui partent dans tous les sens.
- Tu ne vas pas rester là, hein ?"
Jeu 26 Juil - 13:06
